Ses pas étaient de velours, ses yeux plissés aux aguets, sait-on jamais qu'un chien errant, une bête sauvage, ou un ivrogne lui saute dessuis (quoi, elle est très séduisante !). Mais voilà qu'elle perdit l'équilibre, plus de peur que de mal ? fort heureusement. Enfin, c'était quand même l'occasion de se faire très peur, car elle distingua très clairement une emprunte peu classique... Elle avala sa salive et se sentit épiée. Cherchant du regard la source de cette angoisse, elle observa derrière un buisson, éclairé par les rayons de l'astre de nuit, une silhouette tout aussi étrange et menaçante. Pour autant, la sorcière ne se laissa pas submergée par les sentiments. Les sœurs du couvent, pour sa sécurité et surtout celle des autres, lui avaient appris à ménager ses émotions afin de ne pas sortir à tout va ses dards. Elle sentit le picotement au bout de ses doigts, à tout moment, une injection d'adrénaline les feraient sortir. Avec lenteur, pour à la fois ne pas risquer de glisser une nouvelle fois et ne pas non plus attiser la colère de cette chose l'observant, Athénaïs se remit debout. Ses doigts étaient écartés, par réflexe, préparant une éventuelle arrivée de ses dards et à piquer au besoin. Elle ne fuirait pas, elle voulait savoir si une bête sauvage était sous le joug d'Elliot et peut-être aura-t-elle sa réponse...

Un petit cri de surprise lui échappa lorsqu'elle sentit la chose l'attaquer à l'épaule. Ce n'était clairement pas prévu, mais c'était un risque à envisager en se promenant seule dans les bois alors que la nuit est tombée... Il n'en fallut pas plus pour que les dards de la sorcière surgissent violemment de sous ses ongles et pour que son sang ne fasse qu'un tour. Reculer, fuir, pleurer ? Et puis quoi encore, c'était mal la connaître. Si en face d'elle se trouvait une créature, elle se devait de la tuer, voilà ce que lui diraient les sœurs de l'Eglise souterraine...

L'adrénaline avait toujours été une énergie motrice pour elle et ses dards. Les sœurs l'avaient prévenue, si elle n'était pas capable de contrôle et de force, elle pourrait faire le bien comme le mal. Et visiblement, l'agilité de la sorcière et sa confiance en l'extension de ses doigts firent mouche ! Bien que le cri qu'elle avait arraché à la bête en l'éraflant avait eu le don de lui hérisser le moindre poil de son corps, Athénaïs n'avait ni fondu en larme, ni prit ses jambes à son coup. En s'engageant pour attaquer la sorcière, la créature n'avait pas totalement fait attention à sa position et avait ainsi permis à la sorcière de se faufiler pour piquer. Et ses dards, oh ils n'attendaient que ça ! Ils bourdonnaient d'énergie et de venin, prêts à tuer pour protéger la vie de l'abeille. D'un geste vif et bien visé, la sorcière enfonça de toutes ses forces le dard de son index droit. Les actions s'enchainant rapidement, la lumière étant manquante, elle ne savait pas trop ce qu'elle avait visé, mais c'était mou et humide. Cela dura quelques secondes tout au plus, avant qu'elle ne décide de retirer son index, ayant déversé son venin dans la chaire de cette bête sauvage.

L'instinct de survie permis à la créature de repousser la sorcière suffisamment violemment pour qu'elle ait quelques difficultés à garder les pieds parfaitement ancrés au sol. Fort heureusement, cela ne lui permis pas de la dépouiller de l'un de ses dards, ainsi elle en conservait toujours neuf sous ses ongles. En perdre un à ce moment n'aurait pas été judicieux et l'aurait fortement affaibli. La sorcière recula de quelques pas, les doigts toujours écartés pour griffer, lacérer, piquer, dès le prochain mouvement de la créature. Galvanisée par ce combat, elle se sentait capable de l'achever. Néanmoins, la bête sauvage poussa un cri qui la força à poser ses paumes sur ses oreilles. Ce son était épouvantable, hideux, un supplice. Sur le moment, la sorcière en perdit ses repères. Et puis elle constata que la bête avait battu en retraite... Mais quelle horreur, elle se dirigeait vers le manoir ! Une brève seconde elle songea à la baronne, endormie et épuisée, et à son fils, lui-même parti se coucher. Impossible de laisser cette chose menacer leur vie, il fallait la poursuivre.

Athénaïs se sentait déroutée. Le sifflement dans son crâne et ses oreilles lui faisaient perdre ses repères. Elle sentit le sang chaud couler et la chatouiller contre ses oreilles. Ainsi, se déplaçant dans la nuit, elle fut plus lente. Il lui fallait parfois s'accrocher à un arbre pour ne pas perdre son équilibre. Après tout, elle sortait d'un combat et son adrénaline ne battrait pas dans ses veines éternellement. Il lui avait fallut utiliser pas mal d'énergie pour faire fuir cette bête sauvage. Néanmoins, elle parvint à progresser jusqu'au manoir et ses dards étaient toujours de sortie, prêts à donner le coup de grâce, ou à se défendre de nouveau.

Plus lentement qu'elle ne l'aurait voulu, elle finit par voir les contours du manoir se dessiner. Entre les sifflements, elle entendit un bruit. Néanmoins, elle préféra rester prudente, ne faisant plus confiance pour le moment à son audition. Ainsi, elle s'approcha sans attaquer, mais très alerte et prête à dégainer ses dards au besoin.

Heureusement qu'elle n'avait pas essayé d'attaquer sans savoir à qui elle aurait affaire ! Face à elle se trouvait la baronne, très surprise de tomber nez à nez avec elle. Athénaïs partageait sa surprise de la voir ainsi, seule, avec une simple bougie, dehors alors qu'elle devrait être alitée.

- Madame, c'est moi, Athénaïs ! Vous savez, je suis ici pour vous aider avec vos fils... Mais que faites-vous dehors et seule par cette heure ? Vous devriez être alitée, selon les conseils de votre médecin. Votre fils vous a laissé sortir ?

Elle regarda autour d'elle, point de trace de la bête sauvage, a priori. Néanmoins, rentrer leur offrirait plus de sécurité.

- Nous ne devrions pas rester dehors...