Of treasures and threats

De toute évidence, Gabriel n’était absolument pas au sommet de sa forme. A en juger par le son de sa voix, par son comportement profondément différent de l’accoutumé… June ne pourrait pas dire connaître le Marquis suffisamment pour juger de l’extrême opposition de ses actes… Il suffit de l’entendre gronder, et de voir l’attention avec laquelle il semble lire ses lèvres pour comprendre. Un signe de la main et June le rassure. Tout va bien. Continuons notre route. Retrouver le groupe.

L’aube était avec eux, désormais. Et c’est en veillant à rester en vue de Gabriel qu’il mime de quelques gestes la haute stature d’Ube pour lui indiquer qu’il était également en sécurité. Juste là. Tapi dans les ombres. Une sensation désagréable lui ronge la nuque et June l’ignore en faveur de poursuivre leur route. La précision se veut militaire dans leurs déplacements. Ils n’avaient pas le luxe de se perdre encore une fois… Et rebrousser chemin demanderait bien trop de temps. Il avait fallu près d’une nuit à Gabriel pour arriver jusqu’ici. Leur meilleur pari est de poursuivre leur chemin… Et espérer que rien ne puisse leur arriver.

Of treasures and threats

June n’est même pas certain de comment ils sont parvenus à retrouver un village. Et s’il devait être honnête, excepté la certitude qu’ils avançaient bel et bien dans la direction générale du nord pour rejoindre Paris, il aurait été profondément incapable de justifier de la distance parcourue ou même de leur destination finale.

Le jour est encore jeune lorsqu’ils retrouvent un semblant de civilisation. Ils… N’ont pas bonne mine, et c’est tout particulièrement Gabriel qui inquiète June. Son comportement semble profondément altéré en ce qu’il ne répond plus de la même façon, jusqu’à sa voix, semblent avoir subi un changement. Il n’en fera pourtant aucun commentaire – de toute façon, il semblerait que peu importe les mots, le Marquis n’aurait pas pu entendre la moindre chose… –. Qu’importe, finalement, c’est avec un sens de soulagement que le suédois sent ses épaules s’affaisser à la vue d’une auberge. Le village semble paisible, et en jetant un regard à Gabriel par-dessus son épaule, il ne faudra qu’un hochement de tête de la part de June pour qu’il confirme leur prochain stop.

June décoche un sourire à la personne au comptoir de l’auberge et en sortant une pièce en argent de sa poche, il demande calmement.

« Bonjour. Nous avons eu léger accident de calèche en venant jusqu’ici, à plusieurs kilomètres de votre village… Mon compagnon et moi sommes fourbus, et une chambre serait la bienvenue. Auriez-vous une place pour deux gaillards de plus dans votre établissement ? »

Il voulait une clé. La certitude que Gabriel trouverait à se reposer. Et après ça, c’est avec une détermination plus qu’évidente qu’il irait poser bien des questions aux locaux. D’ailleurs, ne pourrait-il pas commencer par l’individu devant lui ?

« Par ailleurs… Auriez-vous vu un groupe d’hommes menés par une jolie rousse ? Il… Se peut qu’ils aient avec eux… D’imposants volatiles venus du sud de la France… » Une pause et il se frotte la nuque avec un rire gêné. « C’est une longue histoire, vraiment. Ce voyage ne s’est absolument pas passé comme prévu. »

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L’aubergiste a au moins l’amabilité d’être d’une courtoisie que June paye en retour d’un sourire, le remerciant chaleureusement de son aide. Deux chambres. Sûrement cela plaira-t-il à Gabriel dont les réactions semblaient particulièrement froissées. Un regard vers l’autre brun et il lui offre aussi un sourire rassurant avant de porter à nouveau son attention sur l’homme au comptoir.

« Chambre 3 vous dites. Très bien. Merci mon brave. Je tâcherai de faire savoir à la capitale que votre établissement est tenu par un gentilhomme. Oh, par hasard, auriez-vous quelque chose à manger ? Même un bout de pain suffirait ? »

Même pas de la langue de bois, et cela se devinera à l’air soulagé contre ses traits fatigués. Saluant une dernière fois en lui ayant évidemment compensé d’argent le bien offert, June se tourne vers Gabriel et lui touche le bras avant de lui indiquer l’escalier d’un mouvement de tête. Rendus à l’étage, le suédois se stoppe devant la porte 8 et tend la clé à Gabriel, signant simplement que cette chambre serait la sienne, tandis que June lui, serait la porte à côté, à la chambre 7.

Qu’importe ce qu’avait pu dire le tavernier en bas, Gabriel n’aurait certainement pu comprendre qu’une maigre partie de son discours, dissimulé derrière la dense forêt barbue de son visage. Lui tendant la miche de pain avant de poser une main sur son torse d’un geste tranquille, il dit, mouvement de ses lippes lent pour être parfaitement compris.

« Mangez et reposez-vous. Nous repartirons à notre réveil. »

Il n’en faut pas beaucoup plus à June pour qu’il aille rejoindre la chambre 7 et s’y glisse pour déposer ses affaires… Du moins le peu qu’il en reste, incluant son épée. Là, déposée sur le lit, il guette quelques instants que la porte d’à côté se soit refermée pour ensuite ressortir et se diriger vers la porte 3. Des artistes et deux curieux arrivants, c’est ça ?

Frappant à la porte, June n’affiche clairement pas sur lui sa descendance. Sûrement cela serait-il plus simple pour se mêler au reste des gens de la taverne. Et dans le pire des cas… Des artistes seraient toujours intéressés par l’idée d’un noble curieux de leurs représentations, non ?

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A la réponse aussi tendre soit-elle, June ose pousser la porte sans trop de bruit et… Offre un sourire particulièrement navré, quand bien même un peu gêné au jeune blond qui lui adresse la parole. A voix basse, se refusant à perturber davantage les deux jeunes gens, June s’excuse platement.

« Je suis navré de vous déranger… J’ai soufflé au tavernier que j’avais besoin d’aide et… Il m’a indiqué que peut-être… »

June baisse les yeux après avoir croisé les prunelles si bleues du jeune blond. Il se mord la lèvre et chuchote doucement, comme si l’obscurité pouvait couvrir sa pensée. Mais sûrement lui l’entendrait, n’est-ce pas ?

« Peut-être que tout n’était pas perdu… »

D’un geste maladroit, il relève les yeux sur Feliz et lui décoche un très léger sourire.

« Pardonnez mon intrusion. Je… Vais me retirer avant d’éveiller votre ami… »

Le dernier mot est dit avec une candeur évidente. Aucun jugement ne saurait exister dans sa voix. Un simple signe du blond suffira à laisser June refermer la porte sans un bruit.

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D’abord prêt à reculer lorsque le blond montre signe de ne pas vouloir davantage s’engager dans la conversation, June semble profondément gêné lorsque l’autre homme se réveille et tourne son regard vers lui. Vert contre vert, June fronce les sourcils une seconde et répond, la voix basse et calme.

« Bonsoir… Pardonnez-moi cette intrusion je… Mon ami et moi cherchions de l’aide… Je regrette d’avoir été ainsi opportun et de vous avoir dérangés. »

Un doute plane contre ses pensées alors qu’il jette un regard dans le couloir, s’étonnant d’y voir Gabriel adossé au mur comme s’il avait toujours été là. Capte le regard du Marquis et soupire doucement.

« Nous avons été attaqués sur notre chemin jusqu’ici, et nos compagnons et nous avons été séparés… J’aurai… Simplement voulu savoir si vous les aviez croisés sur votre chemin jusqu’ici. » Qu’importe les faits, la vérité était telle. « Nous nous dirigions vers Paris, mais… Les choses ont mal tourné. »

Et la blessure à son bras nu qu’il n’avait pas encore pansée devait certainement en attester.

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Pourquoi ces deux hommes étaient-ils particulièrement désignés pour accompagner une troupe d’artistes ? La réponse, June pense la connaître mais tout dans l’apparence de ces deux garçons laisse supposer qu’ils n’ont rien de particulier, si ce n’est cette importance régale dans la façon que le blond a de se comporter et de parler.

Portant son regard sur le jeune brun, June hoche doucement la tête. Un groupe de cavaliers, oui. Et… Une forte odeur de sang. Francis, Sébastien et Stanislava étaient tous les trois blessés. Mais s’ils n’avaient pas été notés comme en pleine fuite, peut-être que…

« Sauriez-vous vous souvenir de s’il y avait une femme à la chevelure rousse à leur tête ? Elle serait sûrement celle la plus reconnaissable de l’ensemble. » Puis fronce les sourcils. « Ou… D’imposants volatiles… »

Pourquoi donc pensait-il que Stanislava serait la plus remarquée. Évidemment qu’il aurait dû mentionner les autruches. Ah, le moment est mal choisi pour se faire le moindre reproche. Alors lorsque la proposition fuse, June tourne la tête vers Gabriel et lui demande doucement, l’air calme. Il semble vouloir les suivre, mais ne le fera pas sans l’assurance que son compagnon était désormais en état de voyager à nouveau.

« Gabriel, ces deux hommes auraient peut-être croisé la route de nos compagnons… Je suis d’avis que nous tentions notre chance… Si et seulement si vous vous sentez de nouveau d’attaque à voyager, lorsque le moment sera venu. »

Lui-même se reposerait uniquement lorsque les choses seraient finalement fixées. Et pour le reste… Il tourne à nouveau ses prunelles de jade contre celles d’Inesis et l’interroge, la tête légèrement inclinée sur le côté, l’air, d’une certaine façon, quelque peu gêné.

« Nous sommes tous deux militaires. Peut-être les artistes ne verront-ils pas de travers à ce que nous rejoignions votre cortège… ? »

Après tout, n’était-il pas de convenance de demander avant de s’imposer ?