@Victoire de France @Adam de Harcourt

@Adam de Harcourt @Victoire de France

A cette réflexion, Sadie glissa un regard noir à la précieuse créature.

« Ne te moque pas, je te prie, » grogna-t-il avec agacement, sachant que Rozhan n'en prendrait pas ombrage.

Un soupir aussi vieux que les fondations de cette ville lui échappa et il baissa des yeux mécontents sur sa livrée.

« Plus j'en découvre sur ce continent, plus je doute du bien-fondé des hiérarchies guidant ces meutes. Ca confine au ridicule. » Puis, oubliant aussitôt son agacement comme on écrase un insecte. « Comment es-tu arrivé ici ? Est-ce qu'Azriel va bi- »

La musique cessa ; le silence piétiné par le bruit des conversations soudaines attira son attention. Il jeta un coup d'oeil en direction de la salle de bal. La reine dansait encore, comme prévu, lui laissant le champ libre tandis que les deux autres gardes royaux restaient près de la piste à veiller au grain. En revanche...
Là.
Il repéra son petit prince en périphérie des danseurs, s'avançant en direction du carré ou du buffet, sûrement. Sadie l'intercepta avant qu'il ne puisse parvenir à destination. Une main à son bras, il le conduisit sur le balcon à son tour.

« Aydos, laissez-moi vous présenter un vieil ami. Rozhan, voici Aydos. »

D'un geste distrait, presque possessif, Sadie glissa deux doigts à l'arrière du crâne blond et plissa les yeux en y sentant un début de bosse.

« Aydos s'est cogné tout à l'heure. J'aimerais ton avis de physicien, pour être sûr qu'il n'y ait rien de grave. »

-
@Rozhan  @Aydos Habsbourg

@Sadie too

Sadie cessa d'observer l'arrière de la tête blonde pour tourner un regard surpris vers Rozhan. Heureusement, le prince lui-même semblait curieux de la précieuse créature et tournait le dos au lycan, ne remarquant pas sa réaction.

Ce dernier profita de la conversation des deux hommes pour tomber un regard perplexe et songeur sur l'humain. Sa famille ? Peut-être. Les paroles de son vieil ami lui dévoilèrent une part d'évidence. Trahi par ses instincts, mu par des gestes et des réactions aussi naturelles que respirer ou chasser, au point qu'il n'y prêtait plus attention. Peut-être n'y avait-il rien de curieux à ce que Rozhan s'en soit rendu compte avant Sadie lui-même. Un loup ne pouvait connaître sa propre senteur, là où tous les autres étaient à même de la percevoir sans effort, pour un peu qu'ils sachent comment s'y prendre.

Il laissa retomber sa main et reprit le fil de leur discussion.

« Merci Rozhan. » Puis, au prince. « Permettez. »

Sans attendre de connaître la réponse, Sadie attrapa les épaules d'Aydos pour le tourner prudemment dos au physicien.

-
@Rozhan

Sadie baissa un regard perplexe vers le prince en réponse à sa question discrète. Faire mal ?

« Non, » répondit-il donc doucement. « Ce ne sera pas douloureux. »

Si tant est que le lycan pouvait comprendre ce qu'un humain entendait par 'douleur' quand lui-même n'en avait plus la même perception depuis des lustres, victime des vertus et des vices d'une existence beaucoup trop longue pour être enviable. Qu'était la douleur, quand vous pouviez vous faire brûler, transpercer, lacérer ou broyer et survivre, toujours ? Une compagne. Une amie de longue date, toujours aussi présente et puissante que dans les premiers jours. Simplement, il la connaissait désormais par coeur. Sous toutes ses formes, toutes ses vilenies. S'il pouvait encore l'appréhender ou la haïr, il y a longtemps que Sadie n'en avait plus peur. Les humains avaient rarement ce luxe.

Le lycan attrapa Aydos par les avant-bras, paumes à ses coudes, afin de le soutenir. Ce qui s'avéra particulièrement utile pour le tenir en place et lui éviter de tomber à nouveau lorsque Rozhan pressa un de ces points mystérieux dont il avait le secret.
Sadie fronça légèrement les sourcils et observa la créature.

« Rozhan. »

Un gentil reproche, un brin d'agacement. Les humains étaient fragiles. Il devait faire plus attention.

-
@Aydos Habsbourg @Rozhan

Adossé à la balustrade du balcon, épaule contre épaule avec son étrange ami, Sadie surveilla de loin les mouvements de foule. L'azur impérial virevoltant avec une jeune femme lui étant remarquablement assortie, le bleu royal dansant avec un garde ou un militaire, quelle ironie. Les deux jeunes âmes sous sa protection ne paraissaient pas menacées outre mesure ; il profita donc de ce répit. De cet instant suspendu, à pouvoir converser à voix basse avec Rozhan. S'enquérir de ces dernières années en France, lui conter quelques-unes de ses propres aventures.
Comme souvent, il lui paraissait avoir quitté la créature il y avait quelques jours, à peine, leur passé commun un souvenir perché juste par dessus son épaule tant il était jeune. La dilatation des instants n'irait qu'empirant. D'autant que, pour l'heure, Rozhan n'avait pas encore vieilli d'apparence, humain trop nouveau pour que la chose ne soit visible en quelques saisons. Cela viendrait. Peut-être. Sadie aussi avait cru vieillir à nouveau, avant que cette farce qu'était le destin ne s'en mêle.

L'esprit chantant de pensées distraites en tout genre -cette dernière musique pas si désagréable à écouter ; un regard concentré sur un valet avant que la suspicion ne s'estompe ; l'envie subite puis passée de s'exercer à la valse avec Rozhan, pour s'amuser ; l'impression, ayant pourtant vécu l'éternité, que cette soirée n'en finirait jamais et la hâte de pouvoir en repartir- le lycan attrapa la main de son ami entre les siennes et donna vie à la plus spontanée d'entre elles.

« Vis-tu proche de la capitale également ? J'aimerais t'inviter en forêt, comme autrefois. Il pourrait nous y rejoindre sans crainte. »

L'un des seuls avantages à cette pratique aussi grotesque qu'incompréhensible de déclarer une forêt propriété privée d'un humain quelconque. Cette histoire de "propriété" devait bien être l'une des pratiques les plus barbares et stupides qu'il ait croisé jusqu'ici. Tout être sain d'esprit savait que les forêts étaient territoires de meutes et étendues aussi sauvages que libres, se gagnant et se cédant par la chasse, la ruse et le sang. Mais il lui était clair que l'Europe n'avait rien de sain.

Sadie ne prit pas la peine de saluer l'âme les rejoignant sur le balcon. Quantité négligeable, quand son attention était déjà bien plus que satisfaite ailleurs.

@Rozhan

@Sadie & mention de  @Mihnea Drăculea &  @Vlad III Basarab
HRP pour Vlad : J'ai du flex mon cerveau pour préserver la cohérence. Comme Rozhan l'aurait reconnu mais que ton post indique qu'il ne relève parsonne, je me suis dit que c'était peut-être plus simple comme ça.

Sadie pencha la tête, l'expression presque surprise face à la ferveur de ces paroles.

« Tu sais bien qu'elle sera toujours mienne. » N'en déplaise aux hommes et autres loups qu'il tuerait tant qu'ils lui en offriraient l'occasion. « Tu n'as pas à t'inquiéter pour ça. »

Mais n'avait-il pas eu cette même impression lui-même, lorsqu'il avait tout perdu ? Que rien n'était plus éternel, que rien ne pourrait plus jamais l'être. Le lycan ne comprenait que trop bien les angles morts soudains et inconscients, la peur, pouvant restreindre le coeur et l'esprit de la créature.
Il mena le dos d'une main brune contre son torse, baissant deux yeux noirs sur les doigts liés.

« Azriel pense sûrement bien faire, il cherche à te conseiller comme il peut, mais je ne t'enverrais pas moi-même sur cette voie. Pas ainsi. » Pas humain.

@Rozhan

@Sadie & mention de @Aymeric Ruiz

Un son de gorge discret, faible grondement en guise d'accord. Azriel ne comprenait pas, non. Peu le pourraient jamais.
Gardant la main chaude dans la sienne et contre lui, Sadie leva le nez vers la salle de bal à l'initiative curieuse de Rozhan. Le yeux du lycan repérèrent bien vite la jeune tête blonde.

« C'est un enfant, même à l'échelle des hommes. » Il fronça légèrement le nez. « Délicat. Il est trop innocent et ignorant du monde, là où des nourrissons humains comprennent déjà mieux sa réalité. Mais son statut lui permet de rester curieux et de marcher selon ses convictions. Il essaie constamment de comprendre ce qu'il ignore, de défier ses manquements et les erreurs de ses lacunes. Son entêtement finira par l'endurcir. »

Il expira, pensif, avant de tourner son regard vers Rozhan à nouveau.

« Je pense qu'il te plairait. Il a le privilège du rang : un esprit vif, du temps pour penser, découvrir au lieu de trimer jusqu'à l'abrutissement ; mais je ne lui en ai pas encore vu les tares qui pullulent au reste de la Cour. Un petit paradoxe éphémère. Je sais que tu les apprécies. »