-Mais je suis toujours galant, senorita, retorqua-t-il d’un sourire charmeur.

Il lui fit une révérence un peu exagérée avant de se redresser et de lever les yeux vers le balcon où se trouvaient apparemment la Reine… en compagnie de Layla ? C’était bien sa voix qu’il entendait. C’est qu’elle semblait s’offusquer du comportement de la souveraine. Une histoire de noblesse et de peuple… A quoi bon ? De ce qu’il avait entendu, celle qui avait organisé cet évènement avait prit le risque d’ouvrir ses portes pour le petit peuple. Pourquoi se plaindre ? Était-ce si mal qu’un roturier danse avec une noble ? Il trouvait cela même plutôt honorable, comme décision.

-Tu oserais planter un pauvre jeune homme qui n’a rien demandé non plus ? Enfin, si lui ne vient pas, je viendrai danser avec toi avec plaisir.

Cela ne le dérangeait nullement d’enchaîner deux danses à la suite.

Elle sourit. « Oui, oui, j’ai cru le comprendre… Etonnant, d’ailleurs, que tu n’aies pas encore soulevé un ou deux jupons dans nos rangs depuis ton arrivée parmi nous ! » C’est qu’il fallait bien admettre que les combattants… Et combattantes, n’étaient pas les plus farouches, au sein de l’Eglise Souterraine. Si les comportements impurs n’étaient pas non plus encouragés, tout le monde savait que l’on avait mieux à faire que de punir quelques pêcheurs.

« Il est vrai que je pourrais sacrifier une danse, histoire d’être polie. » Elle roula des yeux et accepta, finalement. « Va pour deux danses alors, je te donne mon ticket numéro 3 également. »

Ça ne devrait pas durer trop longtemps, la danse avec un illustre inconnu, pas vrai ?

Liste de Merill:

-Pour qui me prends-tu ? Je ne suis pas un vil goujat, fit-il semblant de s’offusquer.

Certes Ignacio était un incorrigible charmeur mais Merill oubliait peut-être les circonstances de son affiliation à l’église. Il n’était pas parmi eux par bonté de coeur et par envie, non. Il se voyait mal batifoler avec ses collègues. Surtout s’il prendrait la poudre d’escampette un jour. Mais il se garda bien de le dire et prit le numéro numéro 3 de la rouquine et le rangea avec l’autre.

-J’ai soif, pas toi ? Il doit bien y avoir un peu d’alcool ici, non ?

Il lui proposa son bras et l’emmena direction le buffet pour se désaltérer un peu.

Résumé:

Zuicher n'avait jamais été créature à se laisser intimider par la conséquences de ses propos. Et elle savait qu'elle n'avait pas le droit de lui mentir. Pas à elle. Peu importe l’irréalité de la situation.

Alors, une fois isolées au fond du jardin, la vampire inspire, frissonne puis déglutit. "Avant toute chose, saches que j'ai fais tout ce que j'ai pu pour les protéger depuis... Depuis... ça." Elle saura de quoi elle veut parler. "A mon frère et aux autres, j'ai dis qu'ils étaient les enfants de vampires de mon clan, que j'avais récemment recueilli. Ils n'ont pas posé de questions. Björn ne voyait pas d'inconvénients à, je cite "me laisser jouer à la maman", puisque comme ça, au moins, je gérais mes petites affaires dans mon coin et je n'étais pas dans ses jambes à longueur de temps. Je pouvais bien avoir mon propre clan au sein des Torsdag, ça ne faisait pas grande différence pour lui."

Heureusement qu'il est mort, lui. Bon débarras.

"Ton fils et ta fille ont grandit chez moi et je les ai officiellement intégré à ma famille lorsque j'en ai pris le contrôle. Tout se passait bien. Enfin, tout s'est bien passé pendant des siècles, je te le promets. J'aimais jouer avec eux, leurs rires étaient communicatifs." Elle ne pouvait avoir oublier. "Mais..."

Expiration. Qu'il est dur de mettre des mots sur un échec cuisant. "J'ai peut-être trop laissé couler de choses vis à vis d'eux, de ton fils en particulier. Je n'aimais pas le punir ou réfréner ses ardeurs, alors quelque part, ce qui est arrivé par la suite est de ma faute."

Tout est de sa faute, en vérité. "Il n'avait de cesse de me reprocher que j'avais une mauvaise gestion de mon clan, que mon envie de ne pas ouvrir plus les hostilités avec les lycans était ridicule. Si d'autres m'avaient tenu ce discours, je leur aurait sans doute tranché la tête. Mais lui... Lui je ne pouvais pas." Parce qu'elle l'avait pris en affection. Le début de la fin.

"Sa sœur m'a exprimé le vœu de quitter le clan également. Visiblement, quelque chose est arrivé avec son frère, mais elle n'a jamais voulu m'expliquer ce qu'il en était alors je n'ai pas forcé les choses. Je lui ai rendu sa liberté car je la savais capable de se débrouiller seule. J'ai crains pour sa vie durant la guerre souterraine et en parallèle de défendre mon clan, je l'ai cherché, en vain. J'ai cru au pire mais il s'est avéré que je l'ai recroisé il y a peu et qu'elle va bien." Une compensation comme une autre.

"Quant à ton fils... Il est parti de son plein gré, en claquant la porte." Là commençait le buisson d'épines. "Tu sais... J'ai instauré une loi dans mon clan qui interdit de transformer un humain sans son consentement. Je ne sais pas, je trouvais cela... normal." Peut-être pas assez pour l'époque. "Il a capturé une humaine sans m'en parler, à massacrer la famille de cette pauvre petite par caprice, car il voulait l'épouser. Puis il l'a gardé chez lui sans que je ne soupçonne rien." Elle lui avait fait trop confiance.

"Finalement, un jour, il est venu me trouver pour me demander de l'aide car la transformation de la jeune femme, dont il avait arraché la vertu, en prime, ne se passait pas bien." Un souffle, encore un. "Alors... Alors je l'ai aidé car cette petite ne méritait pas cela. Il a fallu que je laisse mon avant-bras servir d'ancrage à ses crocs afin qu'elle puisse mordre dans quelque chose et canaliser la douleur. Ce fut éprouvant pour tout le monde. Mon os a mis trois jours à s'en remettre tant j'avais plusieurs fractures."

Et le final.

"Mais j'en voulais à Emmery. Ce qu'il avait fait allait contre les lois du clan et il s'exposait donc à des représailles... J'ai exigé une sentence de mort en le laissant attaché au zénith, dans la cour de l'une de nos anciennes demeures." Elle ferme les yeux, trop effrayée par ce qu'elle pourrait trouver autrement. "Mais je n'ai pu m'y résoudre. Au dernier moment, j'ai ordonné qu'on le ramène à l'ombre et il fut sauvé. Bon, ses cheveux ont tournés au blanc, depuis, mais il était sauf. Je lui ai aussi confisqué la jeune femme, en quelque sorte et je la garde avec moi, depuis, pour la protéger de lui. Il a quitté mon autorité peu de temps après cet événement." Elle avait la gorge sèche. Ce n'était pas évident pour Zuicher de parler autant. Sauf devant elle, peut-être. "Je suis désolée. Pour tout."

Liste de Mélusine:

Elle ne remarque la silhouette d’un Duc étranger qu’au dernier moment. Probablement la présence de sa comparse parvient à mettre tous ses sens en berne.

Bon, rien de nouveau, même après tous ces siècles passés éloignées l’une de l’autre. Zuicher n’aura jamais été aussi ravie de revoir un visage de son passé.

La question lui fait baisser la tête, comme si elle avait à se confesser. « Morts. Tous. La plupart sont partis loin de moi par choix, après de violentes disputes. » Respiration. « Visiblement, à partir du moment où des enfants sont issus de ma chair, je me révèle être une mère déplorable alors… c’est peut-être mieux ainsi. »

Peut-être sont-ils heureux, peu importe où ils se trouvent.

Liste de Mélusine:

Ah, si douce, comme ses mains ; toujours.
Ah, si tendre, comme sa voix ; toujours.

Maintenant qu’elle était certaine de ne pas rêver, Zuicher parvenait presque à reconnecter avec ses primes souvenirs, du temps où la Suède n’était qu’un agrégat de petites tribus vikings – même si ce terme était général et plutôt péjoratif. Ah, elle n’aurait jamais cru que ces moments lui manqueraient tant. Et pourtant… Ce vent frais sur des choses qu’elle avait admis il y a bien longtemps lui faisait du bien. « Tu as raison, ils sont au Valhalla maintenant, avec Odin et Thor… Je les reverrais au Ragnarök. »

Leur culture, ancienne, n’avait en rien perdu de sa superbe dans sa tête. « Je vis dans l’allée des compagnons désormais. J’y ai une boutique de chapellerie. Et toi ? Es-tu en France depuis longtemps ? »

Liste de Mélusine:

Il y à ce rire qui achève la transformation de cette soirée en un moment de joie intense, qui court jusque dans les veines de Zuicher. Ce rire… Oh, ce rire, c’est le même que celui qui l’a charmé, au tout début, lorsqu’elle ne pensait pas vivre si vieille et que leurs existences à tous et toutes, à l’époque, suivaient le rythme que l’humanité imposait à son développement. Finalement elle n’avait pas beaucoup dévié, à bien y repenser.

Zuicher sourit et quelqu’un d’observateur pourrait voir ses joues se parer de rose. C’est léger, mais bel et bien là. Sans doute que même ses enfants n’ont jamais vu pareille expression sur son visage. Peu importe, Zuicher choisit l’égoïsme un peu, ce soir. Penser à elle et rien qu’à elle, pour une toute petite fois. Si cette soirée doit être simple parenthèse à sa vie morne, qu’il en soit ainsi. Mais elle compte bien en retirer tout ce qu’elle peut avant la terminaison des festivités.

Ses yeux guettent le trio sur le balcon. « Je ne sais pas. Mais bon, tu sais comme moi que les hum-… que les hommes ont leurs secrets, après tout. » Elle réalise alors qu’elle a eu de la chance que personne d’autre ne soit là pour l’entendre parler des petits. Ses pouces caressent la peau de mélusine, comme si elle n’osait pas davantage. « Tu… Tu es heureuse, au moins, là-bas ? »

Liste de Mélusine:

Maladroite dans sa manière de dire les choses, Zuicher se sent un peu coupable d’avoir amené ce sujet-là sur la table. Mais au sourire de Mélusine, elle se reprend un peu, vient essuyer ses yeux et reprendre une respiration normale. « Oui, tu as raison… » Elle préférerait de loin fuir avec sa vis-à-vis loin de cette mascarade mais elle s’est engagée. Comme tant de siècles auparavant, Zuicher est toujours muselée par ses engagements.

« Je vais y aller. » Contournant Mélusine, Zuicher a l’impression que chacun de ses pas est coulé dans du plomb tant il est lourd et qu’elle ne veut pas s’éloigner. Pourtant il le faut, encore une fois ; une fois de trop. Alors, avant de s’éclipser vers la piste de danse, elle se retourne. « On se reverra, tu me le promets ?! »

Et la voici partie. Peut-être avait-elle peur de la réponse.

Pour la quatrième danse, Charles préféra prendre l'air dans les jardins. La précédente avait été folle et pleine de rebondissement. Aussi se reposa-t-il pour la dernière danse, emportant avec lui un verre d'eau pour se désaltérer. Si le début de soirée fut froid pour Victoire, Diane semblait bien profiter de cet événement. Ce qui le soulagea grandement. Nulle doute que les prétendants pour sa sœur vont augmenter d'avantage.

Elle ne prêta pas attention au bas de sa robe qui se prenait dans les buissons à côtés desquels elle passait, pas plus qu'au bruit de la foule qu'elle avait enfin réussi à quitter. Zuicher, qui aurait donné n'importe quoi pour se débarrasser de cette robe et porter seulement un pantalon se plongea dans les jardins, laissant ses sens de vampires la guider. "Hlif ? Es-tu toujours là ?"