Ainsi donc Adam de Harcourt venait de lui voler l’occasion d’avoir la première danse d’Elise. Qu’à cela ne tienne, ce n’était que partie remise. Charles ne s’en froissa nullement, au contraire.

-Je n’y vois aucun inconvénient, ma chère. Et si je puis me permettre…

Il lui tendit à nouveau le ticket portant le numéro 2 et prit le numéro 5 à la place.

-Je serai volontiers votre cavalier pour clôturer la soirée. Si cela vous convient, bien évidemment.

Le Duc ne se départit pas de son sourire tandis que le Comte à ses côtés tandis qu’il l’écoutait. Oui, une chance que Diane ne soit pas mariée, quand bien même elle devrait l’être à son âge. Charles était très fière d’elle en tout cas, de son abnégation de faire passer son prochain plutôt que d’essayer de courber l’échine sous les normes sociales de leurs rangs.

-Vous avez raison, c’est une chance. Et je suis très fier de la voie qu’elle a choisie. En parlant de Diane, il me semble qu’elle souhaitait vous parler au sujet du manteau que vous lui avez si gentiment prêté. Pourquoi ne pas aller discuter avec elle ? Mademoiselle de Navarre, ne vous avais-je pas promis une audience avec Sa Majesté ?

Et sur ces mots, il lui proposa de prendre son bras et l’emmena auprès de Victoire, Diane et du Maréchal, dont il salua le dernier d’un signe de tête et d’un autre sourire.

-Votre Majesté, vous souvenez-vous d’Elise de Navarre ?

Comment ne pouvait-elle pas ? C’était elle qui lui avait soufflé l’idée du mariage avec elle après tout.

Dahlia ajusta une mèche de cheveux déjà coiffé derrière son oreille et se tritura les mains, un peu nerveuse. Pourquoi s’appesantir sur des sujets qui fâchent ? Elle devait se faire une raison : Emmanuel ne viendra pas à ce genre de mondanités. Elle devrait déjà être heureuse de pouvoir partager quelques déjeuners et moments en sa compagnie.

-Non, vous n’avez pas à vous excuser. Vous ne pouviez pas savoir… Laissez-moi vous accompagner jusqu’au buffet, j’ai un peu soif. Pas vous, avec cette chaleur.

Et si ses yeux ne lui faisaient pas défauts, elle avait bien vu une amie à elle du côté du buffet.

Lisbeth, c'était empressé de finir sa tenue pour le bal organisé à Paris. Elle qui était très rêveuse, elle avait toujours rêvé de pouvoir participer à ce genre d'événement très mondain. Malgré sa basse noblesse, elle ne pouvait faire pâle figure face à tout ce monde présent au bal. Travaillant jusqu'à tard, elle profita de la journée pour se reposer et ainsi se préparer paisiblement. Devant son miroir, elle souriait naïvement. Grâce à ses rencontres, elle a pu avancer dans ses peurs, même si, aucun son ne pouvait encore sortir de ses lèvres. S'apprêtant pendant des heures dans sa chambre au palais, la demoiselle finit par partir pour le lieu indiqué, une certaine peur au ventre.

Une fois rentrée, elle fut surprise de voir tant de monde, mais également des visages bien connu. Prenant une grande inspiration et confiant sa cape à la bonne personne, qui s'empressa de la ranger, elle serra son petit carnet entre ses mains pour commencer à avancer et regarder assez rapidement si elle pouvait aller voir des visages connus. Apercevant au loin Hélène et Diane, Lisbeth se dirigea doucement vers les deux dames et se stoppa un instant, le trac commençant à l'envahir...Est-ce qu'elle allait réussir à converser ? Est-ce qu'on allait la juger ? Prenant son carnet avec empressement, elle nota rapidement ses paroles. Le temps avait tellement défilé que de nouveaux visages apparurent autour de la Reine et de Diane. Une fois terminée, elle rejoint la petite troupe, s'arrêtant devant eux et faisant une révérence avant de se redresser et de tendre timidement son carnet. Dans son moment de concentration, elle n'avait pas remarqué qu'Hélène avait disparu et se promet de la saluer également.

- Bien le bonsoir Votre Altesse, Mesdames, Messires.

Elle afficha un doux sourire, ramenant son carnet près d'elle. Elle avait remarqué du coin de l'oeil le Duc d'Orléans, mais ne savait pas si elle aurait l'opportunité de pouvoir lui proposer une danse pour le remercier de tous ces conseils et de sa bienveillance à son égard. De plus il avait l'air très occupée et demandée, arriverait-elle à faire le pas ?

Elle se tourna alors vers Diane et lui fait un large sourire avant de se diriger vers elle et de lui donner son carnet avec ses paroles dessus.

- Dame Diane, je suis vraiment heureuse de vous revoir ! Comme c'est mon premier bal, j'ai mis du temps à m'apprêter...Comment allez-vous ?

Aerin revint alors dans la salle avant de rejoindre le groupe aux carrés des Dames. La demoiselle était bien heureuse de pouvoir avoir eut la chance de voir Frère Ferdinand, elle s'était réellement inquiétée de son absence lors de la fête du printemps. Maintenant bien plus soulagée, elle remarqua alors la reine bien entourée et arriva finalement à destination. Faisant des révérences et des salutations aux personnes qu'elle connaissait dans la pièce, elle se tourna vers sa majesté pour offrir un sourire radieux et rempli de gratitude.

- Votre Majesté, je suis heureuse de voir que vous vous portez bien. Je tenais à vous remercier de vive voix pour la proposition et l'opportunité que vous m'avez offerte. C'est un réel honneur.

Elle réalisa une nouvelle révérence pour montrer sa gratitude profonde. Elle n'était pas réellement à l'aise avec ce genre d’événement, elle espérait simplement être à la hauteur.

Le carré des Dames commençaient à être bondée de mondes. Si elle s’apprêtait à se mettre d’avantage dans un coin, la tenue flamboyante de Constantin attira enfin son attention. Et il n’était visiblement pas seul. Combien de ses collègues étaient présents à cette soirée… ? Qu’importe. Silencieusement, elle s’approcha d’eux et si son visage était de marbre, on ne manquera pas le ton désapprobateur dans sa voix.

-Frère Ferdinand, je suis étonnée de vous voir présent à ce genre d’évènements. Quand à vous, Mon Père, auriez-vous essayé de vous cacher dans l’arrière-cuisine par le plus grand des hasards ?

Puisqu’il n’avait pas été présent au buffet, elle ne voyait que cet endroit. Un endroit parfait pour réfugier une grande asperge rouge comme lui.

La jeune couturière regarda avec douceur Diane, se rappelant l'horrible crime qu'elles avaient commises. Elle ne devait rien faire paraitre, c'était leurs décisions, elle ne devait le regretter. Rougissant aux paroles de son amie, la couturière laissa apparaître un sourire candide et, prenant son carnet, note rapidement son carnet et écrivit rapidement ses paroles.

- Vous êtes également éblouissante Dame Diane ! Cette tenue et ses accessoires vous vont à ravir !

Elle voit du coin de l'oeil sa meilleure amie vêtu d'une sublime tenue qui lui allait vraiment à merveille. Elle se nota à elle même d'aller la saluer une fois son ticket donné à Charles. Elle avait un peu peur d'aller aux devants des gens, surtout des inconnus, mais si elle continuait ainsi, elle n'y arriverait jamais ! Dans un petit mouvement de tête, Lisbeth regarda de nouveau Diane et hocha la tête en affirmation avant de lui répondre avec entrain via son carnet.

- Je vous remercie pour votre bienveillance Dame Diane ! Pour ma part je suis un peu stressée, mais vraiment impatiente ! Je suis pleine d'énergie !

Lisbeth rigola silencieusement en souriant doucement et se rapprocha de son amie, écrivant rapidement sur son carnet en devenant un peu rouge, prenant les rennes de ses peurs sociales.

- Est ce que vous pensez que votre frère accepterez un ticket venant de ma personne ? Je n'osa pas aller lui demander...Il est en belle compagnie

Si l’Enfer avait une apparence, Victoire aurait pu jurer que c’était celle qu’elle avait devant les yeux. Un attroupement c’était formé autour d’elle alors qu’elle aurait tout simplement voulu disparaitre dans un coin le temps de reprendre réellement constance. Mais puisque, visiblement, ceci n’était pas dans ses options, elle due faire avec.

C’était peut-être une épreuve divine, allez savoir. Si tel était le cas, elle se devait de faire bonne figure. Pour son pays et sa lignée.
Charles fut le premier à revenir, accompagné de la jeune Duchesse de Navarre et du Comte d’Harcourt – Adam, présumait la Reine. Victoire hocha la tête pour approuver les dires de son cousin. « Comment oublier une telle jeune femme ? Sans doute sera-t-elle un atout tout particulier à notre Cour, d’ici peu. » Peu importait si Charles avait pris en compte ses inclinations, Victoire accueillait avec plaisir du sang neuf auprès d’elle ; ainsi se sentait-elle moins étrangère.

Adam de Harcourt l’interpella finalement et elle ne put qu’approuver, une fois encore, l’évidence qui lui était mise devant les yeux. « Eh bien, en effet, ma physicienne ainsi que mes Dames de Compagnie sont à remerciées pour cette bravoure. » Bon, peut-être le terme de bravoure était-il excessif, mais elle ne voyait pas comment dire les choses autrement. Elle voulait en finir et vite. Ou du moins, avoir un peu d’espace.

Bulle d’air en la présence de June, qui lui présenta un ami de longue date. Victoire lui offrit un hochement de tête courtois. « Bonsoir, Duc van Heil, je suis ravie de vous compter parmi nous ce soir. Quant à vous, Messire, si je puis faire quelque chose pour rendre votre séjour en France agréable, n’hésitez pas à me le faire savoir. » Un ami de June pourrait forcément devenir le sien. Peut-être.

Un jour il faudrait qu’elle songe par elle-même.

Une jeune femme dotée d’un carnet, que Victoire reconnue pour elle celle qui lui avait offert sa robe, justement, vint les saluer avec… toujours ce sempiternel carnet. La Reine lui rendit donc un mouvement de tête poli. Elle ne voyait pas comment faire autrement. Elle n’allait pas écrire à son tour sur le carnet, tout de même.

La jeune Aerin arriva à la suite et la blonde lui offrit un sourire sincère. Cette demoiselle faisait de son mieux pour tenir son rôle de nouvelle Dame de Compagnie et Victoire n’aurait pu être davantage ravie.

Une brunette, mignonne comme tout, les rejoignit et immédiatement après l’avoir salué, Victoire eut envie de bouger un peu. Ne serait-ce que pour se rafraîchir à l’aide d’un courant d’air en se déplaçant. Heureusement, elle avait une solution toute trouvée pour ne froisser personne – du moins, elle l’espérait.

Elle attrapa d’abord le poignet de June le plus proche d’elle et se permit de lui glisser un ticket entre les mains. « Je sais que ma conduite est un peu cavalière mais… acceptez ceci, je vous en prie. » Depuis les révélations, Victoire avait eu envie de partager sa tourmente avec le suédois. Sans doute parce qu’il n’était pas sa famille directe mais restait un ami de confiance.

Elle se tourna ensuite vers son cousin et lui tendit son second ticket. « Si vous me permettez un retour en enfance, cher cousin. » Son sourire était non feint mais elle regrettait déjà qu’Eve se soit éclipsé si prestement. Bon, elle verrait pour après. Enfin, même si le protocole trouverait surement cela étrange, elle se dirigea vers celui qui avait remplacé Stanislava pour le moment et… lui tendit un autre ticket. Le premier. « Si vous pouviez me faire la faveur de me tirer de ce marasme de chaleur, je vous en serais éternellement reconnaissante… »

Elle aurait préféré parler étoiles et constellations mais bon, elle se contenterait de ce qu’elle avait à portée de main.

Liste de Victoire:

Après avoir fait ses remerciements et ses salutations sincères à sa Majesté, Aerin fit une dernière révérence avant de se reculer et de prendre congé. D'ordinaire, la demoiselle n'était pas très fête mondaine, mais elle faisait des efforts et en ferait encore plus à l'avenir. Saluant sur son passage les personnes présentes prêt du carré des Dames, elle sourit à Diane qui était en pleine discussion et décide d'aller se sustenter après ses salutations assez longues.

Au loin, elle aperçut Serafeim et une petite douleur dans son coeur la tirailla...C'est après un moment d'hésitation qu'elle se décida d'aller directement au buffet et pouvoir entamer la conversation.

Bon, elle avait donné son premier ticket, il lui en restait quatre.

Et ça tombait bien, voici que se dessinèrent sous ses yeux clairs les silhouettes de Constantin et Ferdinand. PAR-FAIT !

Merill se rapprocha des deux individus, offrant un sourire et un signe de main à la dame à côté. Ohoh, une connaissance de plus, dis donc… Mais c’est que son esprit de chasse ne s’était pas évanoui pour autant ! Alors, elle tenta l’audace, encore une fois !
« Saint-Père, Ferdinand… Je me demandais si, à tout hasard… »

Elle glissa un ticket dans l’une de leurs mains à chacun. « Si vous accepteriez de danser avec moi, de manière exceptionnelle ?
Sourire, toujours le sourire.

Liste de Merill :

Spoiler:

Il failli hurler encore une fois à l’approche de Calla. Bon, oui il la connaissait mais tout de même ! Ça ne lui arrivait jamais d’avoir l’air aimable, au moins un peu, à celle-là ?!

Bon, Ferdinand n’osa même pas répondre, préférant détourner le regard vers ailleurs. Il n’aurait pas dû suivre Merill, finalement ! Pourquoi est-ce qu’il se laissait toujours convaincre ?! En parlant de la tornade rousse, là voici qui lui donnait AUSSI un ticket ! Non mais, vraiment… Là c’était non.

« Merill, je… Je suis désolé mais j’ai accepté à contre cœur une danse mais je n’en ferais pas plus… Désolé. »

Il n’aimait pas décevoir la demoiselle mais bon. Il voulait juste repartir. D’ailleurs sans doute allait-il le faire dès la danse de l’enfer terminée pour lui.

Zuicher préféra suivre sans faire davantage de commentaire la jeune Dahlia en direction du buffet. Il y avait bien trop de monde pour qu’elle ait envie de rester trainer par ici plus longtemps.

Elle était toute émue de pouvoir parler – ou même simplement approcher la Reine d’aussi près !

Charles d’Orléans s’était fait fidèle allié de sa personne, et Elise songea qu’il lui faudrait vraiment le remercier par la suite. Déjà, elle avait accepté avec joie de conclure les danses en sa compagnie et son cœur battait la chamade rien qu’à y penser.

« Majesté… » Dit-elle simplement en faisant une révérence superbe, tirant les pans de sa robe des deux côtés. Toutefois, ne souhaitant pas importuner la Reine davantage, elle patienta le temps que l’on veuille bien lui accorder une discussion supplémentaire.

Vexée ? Oui, elle l’était.

Mais plutôt que de chouiner comme une pauvrelle de fille pourrie gâtée – comme on n’en comptait beaucoup ici -, Merill préféra reprendre ses tickets. « Merci Saint-Père, mais ça ira, je peux me débrouiller seule à ce niveau-ci. »

Elle rangea ses tickets, fit une révérence et partie en direction du jardin pour prendre l’air.
Finalement ce n’était peut-être pas tant les évènements mondains les problèmes que les gens qu’elle appréciait y voir.