Les règles

Puisqu’il fallait y aller…

Zuicher avait revêtu une toilette digne de la Duchesse de Châtillon et des attentes de cette dernière – vraiment, les humains pouvaient être très excentriques, parfois.

Elle se présenta, visage découvert, donc, à l’endroit prévu et se fit remettre les fameux cinq tickets dont tout le monde parlait çà et là. Tout ce chambardement n’intéressait absolument pas Zuicher, mais s’il fallait en passer par là pour conclure de nouveaux contrats juteux, elle se sacrifierais le temps d’une soirée.

Elle partit donc faire le pied de grue dans le carré des Dames et laissa son regard glisser sur les personnes qui arrivaient. Histoire de sélectionner sa future clientèle. Elle n’oubliait pas pourquoi elle était là, tout de même.

La robe de Mamie Zui

Par tous les saints, cet événement promettait d’être grandiose ! Merill était surexcitée ! Elle n’avait presque pas dormi de la nuit précédente et avait été la journée la tête dans les nuages tant elle avait eu grand hâte de pouvoir revêtir la robe qu’elle s’était confectionnée toute seule.

Rien de très extraordinaire par rapport aux toilettes des femmes de haute noblesse, mais la demoiselle était tout de même contente du résultat, pour quelque chose fait rapidement et avec des tissus de réutilisation ! Sa poitrine n’était absolument pas visible, ce qu’elle préférait largement. Et puis le vert était une couleur qui mettait ses cheveux en valeur, lui avait-on déjà dit.

Elle avait cassé les pieds à Ignacio pour qu’il vienne et pour danser avec lui, mais finalement, elle était partie sans lui. Elle ne savait pas encore s’il allait se pointer, mais au moins elle profiterait de la soirée !

la robe

Le petit coeur de Dahlia battait à tout rompre. Mais ce n’était pas le moment de flancher. Pas après avoir enfilé une telle robe et avoir même osé une touche de maquillage, chose qu’elle ne faisait pas d’habitude. À vrai dire, elle ne savait pas trop ce qu’elle en tirerait de ce bal. Rencontrer des prétendants ? Peut-être. Enfin, elle ne se faisait pas trop d’illusions, il y aurait également tout le gratin de la noblesse. Elle ne se fera pas trop remarqué. À moins de s’évanouir à nouveau…

Mais question de faire la petite nature ! Plus déterminée mais tout de même intimidée, elle accepta donc les fameux tickets et plutôt que de s’attarder dans le hall d’entrée, elle se glissa silencieusement vers le carré des dames. Son visage s’illumina aussitôt en reconnaissant son amie chapelière.

-Dame Torsdag. Comme je suis ravie de vous revoir, souffla-t-elle lorsqu’elle fut à son niveau.

espérait que le Duc d’Orléans serait présent à l’évènement… Elise regardait ses tickets avec une adoration toute particulière. C’était la première fois qu’elle avait l’opportunité de participer à ce genre de bal mondain et déjà, l’angoisse autant que l’extase d’être là se mêlaient l’une à l’autre en un sentiment confus. Serait-elle à la hauteur ? Sa robe était-elle correcte ?

Au moins, la bonne nouvelle que Nilith lui avait glissé plus tôt dans la soirée avait su ravir son cœur de jeune femme et elle avait offert sa soirée à sa servante personnelle. Un sourire sur les lèvres, Elise allait pour aborder une jeune femme blonde mais puisque cette dernière partie discuter avec une autre dame, elle préféra ne pas la déranger. A la place, elle scruta l’arrivée des nouvelles têtes.
Ne s’étant pas attardée dans le hall d’entrée, il lui faudrait sans doute patienter ici.

Comment pouvait-on perdre un homme aussi grand que le Grand Cardinal ? Calla n’en avait aucune fichtre idée. Mais le fait était qu’il avait échappé à sa surveillance. À croire que ses talents de filature lui faisaient défaut ses derniers temps. Cela ne lui plaisait guère. Et au vu du monde qu’il y avait, elle ne pourrait pas se faufiler à sa guise. Sans compter qu’elle était bloquée avec ses fameux tickets et qu’elle allait devoir accepter les danses au risque de paraître impoli. La dernière fois qu’elle avait assisté à tel bal, c’était principalement pour servir la haute noblesse suédoise, par pour y danser. Peut-être pourra-t-elle mieux repérer ?

Elle avait vu quelques uns de ses collègues, dont Merill dans le carré des dames. Mais elle préférait rester à distance. C’était un moulin à paroles et elle n’était pas très friande de ce genre de personnes...

Avec un sourire de façade, Zuicher observait le monde, les allers et venues autour d’elle et au sein de ce carré. Il fallait qu’elle choisisse rapidement une proie de choix pour commencer son œuvre de commerce. Mais l’arrivée de la jeune artiste peintre près d’elle transforma son rictus en un réel sourire aimable. « Demoiselle Dahlia, qu’il est plaisant de vous trouver ici ! »

Elle jeta un coup d’œil à sa tenue. « Votre toilette vous va à ravir, je suis certaine que vous allez faire chavirer les cœurs, ce soir. » En parlant de cela… Son jeu préféré étant toujours d’actualité, Zuicher ourla la commissure de ses lèvres, signe qu’elle avait quelque chose en tête. « A moins que votre valeureux prétendant de la dernière fois ne vienne vous arracher aux griffes des malvenus ? »

Oh, elle adorait la titiller.

Alors qu’elle cherchait la Reine des yeux, Elise fut interpellée par un homme à la renversante beauté – tout le monde était donc doté des canons grecs à Paris, ou bien ?! – et elle gesticula d’un pied sur l’autre, comme peu sûre de la conduite à apporter. Les compliments lui allèrent cependant droit au cœur et elle rougit de plus belle. « Oh… Merci infiniment, Messire. »

Elle se souvenait l’avoir vu au mariage de son père et de sa désormais mère, la Duchesse de Navarre. Papillonnant des yeux, Elise vint prendre le bras de son vis-à-vis. « Je danserais avec vous avec grand plaisir, mais les paires ne sont pas encore formées, si ? »

Avait-elle loupée une étape aussi cruciale ?!

Elle parvint finalement avec autant de constance que possible jusqu’au carré des Dames et partie se mettre dans un coin de la salle, pour ne gêner personne. Sa gorge était sèche, aussi Victoire songea qu’elle aurait pu passer près du buffet pour prendre une boisson fraîche. Mais elle n’osait pas faire un pas de travers alors pour le moment, elle se contenta de regarder le monde alentours.

Mais d’aucun aurait pu voir dans son regard une lueur de recherche, qui se fixait avec insistance sur les lèvres des convives. Et leurs dents. Si elle voyait d’autres crocs comme ceux de Stanislava, que ferait-elle ?!

Ce n’était pourtant pas le moment de penser à cela.

Ohohoh, il n'y avait pas de temps à perdre ! Merill ambitionnait de passer une bonne soirée et pour une fois qu'elle avait un semblant de liberté, elle n'allait pas de laisser brider par les convenances.

Ses yeux louchèrent sur un homme qui avait suivi la Reine de près. La sœur d’Église eut un large sourire et décida de sautiller vers lui, toute en joie. Que les hostilités commencent ! "Bonsoir Messire." Elle fit une révérence et releva un regard mutin vers lui. "J'aimerais vous offrir ceci pour l'ouverture de la piste de danse..."

Elle lui donna donc un ticket pour la suite des événements et fit un pas en arrière avant de s'éclipser un peu. Rien ne disait qu'il accepterait mais elle pouvait toujours tenter le coup. La chance sourit aux audacieux, après tout !

Comment ça, non ?!

Liste de Merill:

Dahlia tourna bien évidemment au pivoine sous la remarque de Zuicher. Elle parlait bien d’Emmanuel, n’est-ce pas ? Qui d’autres, sinon ? C’était le seul homme que la chapelière avait croisé.

-Je-je doute qu’il vienne à ce genre d’évènements. Il n’en est pas très friand.

Elle aurait bien aimé le voir, peut-être même danser avec lui, mais elle ne se faisait pas d’illusions. Il avait abandonné ces titres, il ne voulait donc plus s’approcher de près ou de loin à ces bals. Enfin, elle le percevait ainsi.

Dans le Carré des Dames, Charles trouva sans peine la personne qu’il cherchait. Mais il restait néanmoins tirailler entre l’envie de rester auprès de Victoire, qui n’était clairement pas dans son assiette, et aller saluer. Il pouvait sans aucun doute compter sur Diane ou Hélène pour lui tenir compagnie. Bon, il se jura de raccompagner Victoire à la fin des festivités.

Il s’approcha donc la demoiselle, qui n’était plus seule, désormais. Le Comte de Harcourt, s’il ne se trompait, qui avait également été présent au mariage d’Hermance de Navarre. Il avait également eu de bon retour à leurs sujets de la part de sa sœur.

-Monsieur le Comte, je crois que c’est la première fois que nous nous rencontrons. Je suis Charles d’Orléans. J’aimerais vous remercier, ainsi que votre frère, de vous être occupé de ma chère sœur durant la bataille navale.

Il se tourna finalement vers Elise pour un nouveau baise-main.

-Mademoiselle de Navarre, je suis ravi de vous voir parmi nous. Vous êtes toujours aussi exquise que notre dernière rencontre. Puis-je espérer une danse en votre compagnie ?

Son regard vert fini par s’arrêter sur Sadie, dont elle avait presque oublié la présence – non pas par mesquinerie mais simplement parce qu’il était si à l’aise dans son rôle de protecteur – visiblement – que Victoire avait l’impression qu’il faisait déjà partie de son cercle de façon intégrante.

Elle voulut aller le saluer mais fut empêcher par l’inquiétude d’Hélène, qui la toucha véritablement. » Je… J’ai un peu honte de vous demander cela, Hélène, mais je ne dirais pas non à un verre d’eau. J’ai l’impression qu’il fait une chaleur à mourir, ce soir… » A moins que ce ne soit qu’elle et ses angoisses neuves. « Merci beaucoup, Hélène, votre considération à mon égard me touche vraiment. » Victoire était sur un fil de soie, prête à vaciller. Et il n’y avait pas plus sincère qu’une Victoire fragile.

Lorsqu’Eve arrive à son tour, c’est un sourire entendu que lui offre la Reine. Enfin un autre visage rassurant parmi ce maelström.

Oh. Peut-être pour cette fois aurait-elle pu garder ses envies de taquinerie pour elle… Zuicher se senti bête face à la réaction de la peintre. Il est vrai qu’elle faisait bonne figure, mais la vampire n’était pas dupe. En sept cent ans, on apprend à reconnaitre les émotions qui passent sur un visage. Même les plus fugaces.

Surtout les plus fugaces.

« Mes excuses, Dahlia, je ne souhaitais pas remuer un couteau dans la plaie. Souhaitez-vous que j’aille vous chercher une gourmandise au buffet pour me faire pardonner cette maladresse éhontée de ma part ? » Des fois que…

Oh ! Par tous les saints, était-elle au centre d’un affrontement de gentilshommes ?! Elise sentie ses joues s’empourprer à cette pensée. Elle avait bien entendu salué le Duc d’Orléans avec les formes qui s’imposaient – et était très heureuse de le voir ici, devant elle.

« Je danserai avec vous sans tarder, cher Duc ! Pour le moment, il semblerait cependant que j’ai déjà un cavalier. » Elle rit, toute contente de la tournure que prenait le début de soirée. C’était vraiment agréable comme mondanités ! Elle ne résista aucunement lorsqu’il fut question de donner son premier ticket au Comte d’Harcourt et réserva au moins son deuxième pour le Duc qui occupait ses pensées.

« Je vous laisse me guider, dans ce cas, Comte ! » Un sourire. « Vous êtes un habité de ce genre d’évènements, donc ? » Elle cherchait bon professeur à qui se vouer.

Et maintenant battez-vous

Liste d'Elise:

Il crut bien défaillir en voyant la foule qui se pressait dans le carré des Dames. « Oh, par les anges… »

Ferdinand fit de son mieux pour se planquer dans un coin, et se faire le plus discret possible. Les paroles de Constantin lui restaient en tête. « Je… Je n’ai rien à cacher, Saint Père ! » Mais il est vrai que la situation pouvait prêter à confusion.

« Je… Cette jeune femme était la personne qui m’a été désigné comme protection pour l’année à venir, à la fête du Printemps. Mais… Alors que j’étais parti chercher de quoi l’abriter de la pluie, je me suis… assommé sur le pavé parisien. Avant que je ne comprenne quoi que ce soit, nous étions le lendemain. »

Quelle honte, vraiment… « J’imagine qu’elle espère me faire payer cette humiliation involontaire de ma part… » Ses mains rejoignirent son visage pour essayer de cacher son embarras.