Ça serait sans Noah ! Il n’était pas intéressé par une quelconque forme de gaminerie ou de jeu. Il n’était pas là pour ça. Il avait une enquête à mener : flairer les invités à la recherche de monstre. Et au vu de la thématique de ce soir, il n’y avait aucun doute quant au fait qu’une créature nocturne n’aurait aucun mal à isoler sa victime. Maintenant ou même plus tard. Cette idée de protection était un prétexte parfait pour avoir l’occasion de revoir l’autre personne. Noah estimait avoir eu bon instinct de venir ce soir, même si pour cela il devait souffrir d’une compagnie. Il continuait de scruter autour pour imprimer les visages dans sa mémoire, ainsi que les statures.
— C’plus toi qui es déçu. Te r’trouver avec un gueux.
Posant les yeux sur Céline, il imprima aussi sa silhouette dans sa tête. Malgré son aspect fluet, Noah savait que les monstres pouvaient se cacher sous n’importe quelle forme…
▬ Vous êtes charmant monsieur. Rapidement, elle observe les alentours. Elle ne manque pas d'apercevoir son neveu, @June van Heil, avec une demoiselle très mignonne et surtout d'allure distinguée. Hors de question de les déranger. Et plus loin, @Hermance d'Ailly a l'air également occupée.
Alors elle s'accroche au bras de son protecteur, toujours souriante. Très bien, montrez-moi vos endroits secrets. S'ils me plaisent peut-être que je vous partagerai les miens. Son regard est toujours malicieux. Avec son accent et son air mutin, impossible de savoir s'il s'agit vraiment d'un sous-entendu ou d'une mauvaise formulation.
▬ Puisque nous ne sommes que deux, je vous appelle Inesis. C'est un étrange nom, êtes-vous de Paris ?
Le visage si austère, fermé du Chevalier, s’est enfin relâché. Bien qu’il se tienne toujours avec droiture, noblesse, les mains dans son dos, ses sourcils ont abandonné leur froncé défensif. Son regard s’est éclairci, ses yeux cherchent ceux de sa partenaire, avant de se détourner. Il surveille les environs – il surveille l’Ouroboros. Ses manifestations sont discrètes, mais usent sans cesse sa corde. Qu’elle tienne ! Et elle tiendra. Il le sait. Le monde La dérange, Elle sait que pour survivre, Elle se doit d’être discrète. Murmures dans ses pensées.
A l’évocation de son foyer, Aimable ressent une tendre chaleur gagner son cœur ; c’est l’étreinte de ses montagnes, sa famille, son refuge. Le Monastère était un lieu de toute beauté, un diadème cerné d’émeraudes.
_ Je suis heureux d’entendre que vous avez pu voir la beauté en ces lieux. L’un de mes frères disait toujours que pour voir la beauté d’une terre, il faut la voir par les yeux de ceux qui la travaillent. Malheureusement, seuls mes pas ont foulé ces chemins, ces pierres, mais j’ai appris à aimer la sauvagerie disciplinée de ces lieux. Les cœurs y sont bons. Et les âtres, chaleureux.
Un rire bref franchit ses lèvres, il tient plus d’un aboiement étouffé, d’un son rauque que ses lèvres retiennent – le sourire, pourtant, se trahit, étire ses lèvres. L’amour adoucit ses prunelles, alors qu’il baisse humblement les yeux.
_ Ma douce épouse saurait vous apprendre mieux que moi les secrets de sa cuisine… Et se ferait un plaisir de vous les enseigner. Ses plats dépassent, de haut, tout ce que mon frère puisse préparer et ce, malgré tout le respect que je lui dois.
Il est sûr qu’elles s’entendraient à merveilles. Eleanor est une femme bienveillante, rayonnante ; elle est son soleil. Son âme sœur. Il se sent entier, auprès d’elle. Serviable, Aimable propose, malgré tout :
_ Néanmoins, je puis vous enseigner quelques plats simples, faits de fromage, de pommes de terre et de vin blanc. Cela pourrait-il donc satisfaire le palais de votre ami ? C’est assez rudimentaire mais…nourrissant.
D’un discret signe de tête, il lui propose de marcher, si elle le désire. A moins qu’elle ne préfère rester ici, avec lui. Il se pliera à sa volonté.
_ Est-ce la première année où vous participez à tel évènement ?
Ceux qui le connaissent s'étonneront de le voir si bavard...
Il était également curieux de voir quels seraient les autres convives. Si d'ordinaire il avait pour habitude de s'éclipser en plein des festivités qu'il finissait toujours par trouver lassantes, cette fois-ci il se fit la promesse de faire un effort de sociabilité. Compte tenu de sa position actuelle, ce n'était pas plus mal de découvrir de nouvelles personnes, et qui sait, peut-être de nouer des liens.
Cependant, il ne put s'empêcher de faire une moue à l'idée d'être lié par un "jeu" plus sérieux qu'il n'y paraissait, à un inconnu. Quoi qu'avec de la chance, c'est l'autre convive qui lui devrait protection. Dans ce cas, autant ne pas se hâter. Emmery n'avait jamais été très bon joueur, ni quand il gagnait ni quand il perdait d'ailleurs. Et, à la lueur des bougies disséminés dans le jardin, le "jeune" vampire se rendit au point de rendez-vous qui lui était dédié. Pas de chance... Il était le premier.
Sa première fut de rebrousser chemin, se cacher et attendre ainsi dissimulé que son binôme arrive pour se dévoiler. Il soupira en s'imaginant se cacher ainsi pour un simple jeu et sourit à sa propre bêtise. Il prenait vraiment les choses trop sérieusement. Ce n'était qu'une soirée mondaine, pas un traquenard !
Se détendant, il ferma les yeux pour profiter des odeurs du jardin et de la brise printanière en attendant son binôme à qui il devrait donc protection durant une année... Quand même... c'était long une année...
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@Hermance d'Ailly
Au vu de la première partie, Hermance n’attendait rien de folichon pour la seconde. Et en effet… Devoir protection à quelqu’un durant un an, c’était on ne peut plus ridicule. Pourquoi s’affliger tel fardeau ? La baronne fut bien heureuse d’apprendre qu’elle ne serait pas celle qui devait protéger. Cependant il était très frustrant de bénéficier de cette protection. Hermance était suffisamment avisée pour pouvoir se débrouiller seule. Elle avait déjà dû souffrir de se retrouver en position de faiblesse lors d’un récent échange, ce n’était pas pour à présent passer pour une faible ingénue. Elle n’avait plus qu’à espérer que son binôme soit un minimum dégourdi.
Longeant le chemin pavé, la baronne aperçut @Gabriel de Sercey qui semblait bien s’entendre avec son camarade de soirée. Intéressant. Donc des groupes de même sexe ont été formés. En matière de femme, c’était compliqué de ne pas se retrouver avec une cruche mais ce pouvait toujours être divertissant. La preuve avec… Quand on parle du loup. La petite @Dahlia di Croissanti était là, la même jeune innocente que lors de leur première rencontre. Elle était, semblait-il, en charmante compagnie. Un beau jeune homme au port impeccable. Un noble à n’en point douter. Et bien sûr @Hélène de Constantinople semblait très bien s’entendre avec son cavalier.
Finalement au point de rendez-vous, Hermance aperçut @Emmery de Goede. Il se tenait là, à l’attendre bien gentiment. Se résolvant à y aller, la dame passa sa main sur le devant de sa robe en un geste automatique. Elle s’assurait juste qu’il n’y avait pas de faux pli. Son pas assuré, presque autoritaire, la fit se planter devant lui. Du haut de ses 186 cm, elle se tenait bien droite. Femme forte et débordante d’assurance. Sa tenue, qu’elle avait changé de celle de cet après-midi, démontrait sans mal la noble qu’elle était. Sans parler de ses bijoux.
Elle se rendit très vite compte qu’elle ne connaissait absolument pas ce visage. Quel ennui ! Ce devait être un humble individu.
— Bonsoir. Vous devez être celui avec qui je vais passer la soirée.
Plus qu’une question, c’était un constat auquel s’ajouta son regard acéré qui le détaillait des pieds à la tête. Il n’était pas si mal habillé. Il ne devait donc pas être du bas peuple. Bien, très bien. Hermance joignit ses mains devant elle et inclina poliment la tête en guise de salut.
— Baronne Hermance d’Ailly. Et vous êtes ?
Un sourire ? Oui. Mais très faible. Juste ce qu’il fallait pour être polie. Hermance se méfiait des inconnus dans son genre.
Plus grande que lui d'une demie tête, Emmery se plia dans une parfaite révérence avant de lui adresser un large sourire, tranchant drastiquement avec la retenue dont elle faisait preuve.
"Emmery de Goede, pour vous servir."
L'infime sourire dont elle para son visage ne fit que confirmer l'impression précédente. Elle n'était pas des plus emballée. Et il devait avouer qu'à sa place, en contemplant un jeune homme bardé de cicatrices et qui souriait bêtement de surcroit, il aurait sans doute arborer la même expression.
Il reprit tout de même, sur le ton de la plaisanterie.
"Je dois tout de même admettre qu'il semble y avoir eut une erreur dans le choix du partenaire. J'ai la désagréable impression de faire office de jeune ingénu devant prétendre pouvoir défendre une personne qui ne semble pas être dans le besoin."
Emmery écarta le bras avec courtoisie pour désigner un banc un quelques pas d'eux, l'invitant à s'y asseoir si elle en avait envie. Il reprit sur le même ton plutôt enjoué mais contenu.
"Pour ce que cela vaut, sachez que je ferai le nécessaire pour que vous regrettiez le moins possible d'avoir accepté de vous prêter à un tel jeu. Pour ma part, c'est la première fois que je participe à une fête qui engage de tel enjeux... Peut-être est-ce monnaie courante dans les plus hautes sphères ?"
Il planta ses yeux bleu dans ceux de la baronne @Hermance d'Ailly , sans aucune animosité ou arrière pensée. Pour cela encore faut-il qu'il en sache davantage sur elle. Se rendant compte de son indélicatesse, il détourna finalement la tête pour se forcer à fixer l'ombre projetée par une des bougies.
— Ne soyez pas si modeste. Je suis certaine que vous êtes tout à fait capable.
Tout dépendait du niveau de danger bien sûr. Un modeste humain avait de modestes capacités.
— Je suppose que c’est le jeu de faire des paires étrangement assorties.
Voyant qu’il indiquait un banc, elle apprécia son geste et un plus grand sourire apparut. Elle s’y dirigea en le remerciant et s’assit. Ses mains reposèrent sur ses genoux tandis que Hermance l’écoutait. Il semblait bien naïf de prendre la chose avec tant de sérieux. Il valait peut-être mieux le rassurer à ce sujet.
— Pour tout vous dire, c’est également une première pour moi. Et si cela peut vous rassurer, je ne compte pas prendre la chose au sérieux. Je ne crois pas qu’en une soirée il soit possible de faire suffisamment confiance.
Si tant était qu’on soit capable de faire confiance. Ce qui était, dans le cas d’Hermance, chose impossible. Elle était mauvaise joueuse de dire ceci sans pincette et aussitôt après les présentations. Mais il n’était pas question qu’il se fasse de faux espoirs la concernant. Elle était une femme facile à approcher, mais difficile à toucher.
Oh et la voilà même à répondre en italien. Gêné, il se passe une main sur la nuque et murmure doucement.
« Merci pour vos compliments, ma demoiselle. Mais je n’ai pas pratiqué depuis plusieurs années, et mon parler n’était que médiocre déjà de ce temps-là. » Il s’éclaircit la gorge et opine doucement du chef. « J’ai eu la chance de parcourir l’Italie pendant quelques mois, sous la protection du Duc di Venieri. »
Un regard et émeraudes curieuses se perdes sur les jades tendres de la demoiselle. Oh, il en est des choses qu’il aimerait demander. Mais il se contente de la courtoisie, poli et posé.
« Vous plaisez-vous à la cour de France, Dahlia ? J’ai souvenir que mes premières semaines furent d’une certaine… complexité. Tant de… » Il baisse le ton et murmure, se penchant un peu plus près, un rire dans la voix. « Fioritures. »
Il n’était surprenant pour personne de savoir que la France comptait autant de marques d’exceptions que de symboles d’excès. De la mode jusqu’à certaines traditions plus discutables, il était certain que tout étranger se retrouvant à la cour de France devait trouver un certain temps d’adaptation.
« S’il vous est un jour nécessaire d’obtenir assistance, il serait à mon plaisir de vous apporter la mienne, ma Demoiselle. »
June ne complète pas ses mots d’une courbette, comme il l’aurait d’ordinaire fait, tentant de concilier le tempérament inquiet de sa compagnie. Mais pour ce qui est du reste… Il relève les yeux pour ne pas insister de son regard sur elle et remarque la présence du Duc d’Orléans et de la charmante May. June sent un sourire fleurir à ses lèvres alors qu’il ramène son regard sur Dahlia.
« Y a-t-il peut-être une activité qui serait à votre convenance ? Madame Lorient mentionnait que les jardins étaient éclairés, une balade serait certainement agréable. Ou préféreriez-vous peut-être danser ? Vos désirs seront mes ordres. »
@Dahlia di Croissanti
Something new
Le présage offert dans la matinée l’avait laissée profondément amère. Amour heureux, tout ça pour un… Moineau. Eve avait quitté les jardins royaux en sentant les regards pesants des trois jeunes femmes qui l’avaient accompagnée. Françoise de Bellevallée avait été traitée avec le plus grand respect, d’un baise-main et d’une conversation honorable. Elle était, après tout, la jeune sœur d’un de ses hommes ayant péri dans les flammes. S’agissant des deux autres gargouilles ayant scruté des faits et gestes… ? C’était avec soulagement que l’annonce de Madame Lorient lui avait offert le droit de prendre la fuite. La baronne d’Ailly ne semblait pas dérangée de cela. Au contraire, même, si Eve osait le penser. Quant à l’abbesse… Un signe de tête respectueux et la vampire s’était éclipsée pour échanger quelques mots avec sa majesté avant de repartir à sa charge habituelle.
Lorsque l’après-midi vit enfin son terme arriver, Eve revint auprès de l’attroupement fait du côté des jardins… Et découvrit avec un brin d’horreur que la chance, encore une fois, n’avait pas tourné en son sens. Madame Lorient semble gênée lorsqu’elle lui explique le déroulement de la situation… Lorsqu’Eve comprend que son nom a été malencontreusement – encore une fois – pris pour l’homonyme féminin y étant attaché… Et qu’elle venait, par conséquent, de gagner la protection de…
Qui était-ce, d’abord ?
Lorsqu’elle parvient au recoin de jardin leur étant dédié, elle trouve un jeune homme à l’allure plutôt chétive, patientant calmement à la lueur des bougies. Bien. Au moins, ce visage lui était inconnu. Elle n’aurait pas à prétendre un sourire forcé. Et son soulagement se lit presque dans sa posture alors qu’elle approche du jeune homme avec un léger sourire gêné.
« Permettez-moi de m’excuser avant toute chose… Il semblerait que mon identité ait été… confondue pour celle d’une femme... »
N’importe quel homme se retrouvant ainsi face au Maréchal des armées de France alors qu’il avait attendu une dame… Se trouverait certainement maladroit. D’un mouvement respectueux et galant, Eve effectue néanmoins une révérence digne d’un homme de son rang et courbe le dos avec déférence.
« Je suis le Comte Eve de Harcourt, Maréchal des armées de France. Il m’est un honneur de vous rencontrer. »
@Emilien Blanchard et mention de @Hermance d'Ailly @Hildegard C. De Bayard et @Françoise de Bellevallée
« Bien entendu, ma Dame. »
Pourtant elle ne semble pas déroutée par la tournure des événements. C’est même d’un tout autre pied qu’elle prend la conversation, ne semblait pas heurtée par la différence de titre vous séparant. Un avantage, si tu devais être honnête. Il n’est pas pire que les faux semblants de la noblesse se montrant bienséante face à la pauvreté du petit peuple, comme ils aiment à l’appeler. Tu hoches lentement la tête et répond sans hausser le ton, conscient que ton imposante carrure pourrait venir à effrayer la demoiselle.
« Seulement depuis quelques mois. J’ai pu rejoindre le royaume à temps pour ne pas être impacté par la fermeture des frontières. »
Un mensonge qui ne ferait de mal à personne, non. Tu notes pourtant un détail curieux. Pourquoi cette jeune femme semblait-elle si inquiète subitement ? Effaçant cette interrogation tu t’obliges à répondre, laissant la pointe de curiosité qui t’a effleuré te guider.
« Ma Dame a-t-elle des raisons de se voir inquiétée ? Qu’importe vos raisons, et il n’est guère besoin d’un emploi. Madame Lorient a fait mention de protéger la Dame qui me serait présentée ce soir. Si mes missions me le permettent, soyez certaine que ma protection sera vôtre. »
Il n’y a pas de réponse plus juste à ce genre de comportement. Qu’importe ses intentions.
« J’espère que vous ne vous trouverez pas indisposé par ma présence à vos côtés, le cas échéant. »
@Françoise de Bellevallée
— Cela ressemble fort à une invitation, Monsieur de Bayard, dit-elle amusée, n’envisageant pas un seul instant qu’il puisse être sérieux à ce sujet. Ce genre de choses, après tout, ne se faisaient pas.
Elle considéra la question de la recette un instant : si celle-ci lui paraissait idéale, la logistique lui échappait encore. Il était hors de question d’inviter le chevalier chez Constantin pour des raisons évidentes de « tiens donc, mais ce ne serait pas le Grand Cardinal de France ? », mais se rendre chez lui ne lui paraissait pas une idée meilleure, de peur que sa femme ne s’inquiète de le voir débarquer avec une jeune fille presque ramassée dans la rue.
— J’en découvrirais les recettes avec plaisir, conclut-elle l’air de rien.
Quant à son autre question, la sorcière dut y réfléchir tout pareil, craignant de trahir son statut d’enfant désargenté à un événement auquel la reine en personne assistait. La chance qu’elle avait eu avec le Duc d’Orléans ne se représenterait pas deux fois, et lui avait au moins enseigné que le pardon de l’église n’était pas celui du peuple.
— À la célébration du printemps ? Oui. Si j’avais eu vent de cette histoire de faux mariage, peut-être en aurais-je ignoré l’invitation mais... Au demeurant, je suis heureuse d’avoir eu l’occasion de vous reparler. Votre frère m’a dit de ne pas trop m’inquiéter à — Au sujet de votre ami, mais ça semblait si grave que je n’ai pas pu m’empêcher de le garder en tête et de prier un peu pour lui.
Son rire, cette fois, fut embarrassé.
— Enfin, je parle, je parle, et vous, Monsieur de Bayard ? Je ne pensais pas que ce genre de festivités vous plairait.
Eve, vous êtes prise... De nausées, tout à coup. La moindre odeur, parfum de fleur ou autre, vous paraitra décuplée et insupportable à sentir.
Dahlia, vous serez surprise par... Un phalène venant percuter votre oeil. Oops, la pauvre petite bête a dû se perdre... Mais bon sang, ce n'est pas agréable !
Sadie, le chien de Stanislava se mettra à mordre vos chaussures.
Elle a accepté pour elle.
Elle apprécie le ciel étoilé. Non, elle l'aime. Elle hait la nuit qui l'enferme dans sa condition de vampire. Elle hait le noir, depuis qu'il l'y a enfermée.
Vampire tortionnaire. Capable de tout pour l'avoir. Capable de tout pour la faire obéir.
Des heures durant, à rester cloîtrée dans le noir, dans le silence.
Elle hait la nuit. Elle hait le noir.
Mais elle aime le ciel étoilé. Et elle aussi, aimait le ciel étoilé. Beaucoup moins le tonnerre.
Elle se souvient encore de ses mèches obscures dépassant de l'armoire durant l'orage.
Un sourire passe sur son visage caché.
Et levant ses yeux sombres, elle se demande si elles sont sous le même ciel. Comme lorsqu'elles étaient plus jeunes, couchées dans l'herbe.
A la Haye.
En regardant les étoiles, est-ce que tu penses parfois à moi ?
Oh, comme elle se sent seule.
Pourtant, elle ne l'est pas.
Pendant une seconde, ses yeux s'écarquillent. Un cache-œil gênant ? Non. Pas pour celle qui porte un cache-visage.
Ses traits s'adoucissent, peut-être résultat de sa nostalgie, peut-être car elle a l'impression de se retrouver en lui.
Ses lèvres carmins. Ses yeux de vin. Tout dans son expression devient un délicat sourire, authentique pour la première fois depuis longtemps.
Sa main esquisse un geste vague dans l'air.
Ne vous inquiétez pas pour ça. Ca ne me gêne pas. C'est plutôt moi qui devrais vous poser la question.
Veuillez me pardonner, je n'aurais pas dû le garder. C'était malpoli de ma part.
Sur ces mots, elle pose la main sur sa capuche rouge. Elle retire ce manteau. La nuit est fraîche, pas froide. Dévoilant à nouveau ses traits à la lueur des chandelles. Et ces vêtements, toujours si riches pour une roturière comme elle.
Passant une main sur sa chevelure sombre pour se recoiffer, son sourire a disparu.
Pourtant, son expression est bien plus ouverte qu'il y a quelques minutes.
Et bien, par quoi voudriez-vous commencer ? Nous pouvons faire plus ample connaissance, ou jouez à quelques jeux si cela vous amuse. Je ne suis pas mauvaise danseuse à la seule condition qu'on ne se touche pas.
Un léger sourire amer. Danser sans se toucher. Non, elle ne peut pas le toucher. Et lui, n'a pas le droit de la toucher. C'est ainsi. Sans concession.
Elle peut lui sourire, oui. Mais elle ne peut lui faire confiance si facilement, ça non.
Toujours, son regard reste fuyant. Par habitude.
Lorsque Béatrice appuie, de quelques mots, l’étrangeté de l’invitation, Aimable se sent rougir de malaise. Que va-t-elle imaginer ? Et qu’est ce que les autres vont donc penser ?
Il revient alors au contexte de leur rencontre – cette idée de mariage à laquelle il n’a accordé aucune attention. Son cœur est dédié à Eleanor, son âme lui est totalement dévouée, tellement qu’il ne s’est pas même senti concerné par cette histoire d’union… Elle est bien abstraite, bien distante, de cette alliance à son doigt, de son mouchoir rangé contre son cœur, de ce sourire qui éclaire ses nuits. Eleanor. Elle rirait, de le voir si gêné.
Elle s’est tant de fois inquiétée pour lui. L’invitant même à s’abandonner aux bras d’une prostituée de Paris, s’il manquait d’amour – tant que cet acte restait secret, elle n’en était pas dérangée. Elle lui avait déjà murmuré à l’oreille les plaisirs qu’elle s’offrait quand il était loin de ses bras, une pensée qu’Aimable chasse d’une prière, ravalant péniblement sa salive. Ce n’est pas le moment de penser à ça.
Intimidé, Aimable gratte nerveusement l’arrière de son crâne et toussote finalement dans son poing.
_ A dire vrai, je n’avais encore jamais fêté tel évènement… Les dernières fêtes du printemps que j’ai passées avaient lieu dans mon domaine, auprès de mon épouse et de mes enfants. C’était l’occasion d’un banquet, de danses…
Eleanor. Drapée dans ses robes colorées, une couronne de fleurs cernant son front, sa crinière d’un blond vénitien ondulant comme les blés sous la caresse des vents, sa peau dorée par le soleil et son visage éclairé d’un rire.
La douleur est soudaine. Les crocs le tailladent, ses os s’arment de crochets qui déchirent sa chair. Déjà, l’une de ses jambes s’est dégagée, un geste de retrait qui pousse son corps à s’éloigner d’un pas. Pris par surprise, Aimable bat des paupières, son poing se serre, il contracte ses muscles, l’Ouroboros résiste, tire, le contraint à reculer d’un autre pas. Son cœur s’est ralenti, c’est une pierre dans sa cage thoracique, il a la sensation de manquer d’air.
_... votre ami…
A croire que la Voix s’est sentie concernée.
Qu’est-ce qu’il se passe ? I̷͇̙̲̗̦̺͋͗́͌́̀̑͆̑̚͘̕Ḻ̸̫̦̬͔̊̑͑̋͌͌͒̓̓̚͠S̶̨̧̳̜͔͍͖̣͚̯͎̼̭͙̎̽͜ ̶͉̠̥̬̜̐̿̿̊̎̅̓̚͝͝S̴͎̦̜͙̊̏́́͛͝Ô̸̢̻̗͙͕̘ͅŅ̶̠̘̺̜͓̜̟̱͖͈̿̾͂͠ͅT̴̨͈̖̟̬͇̙̮̯̯̳̬͈͓̈̉͐͋̀̔̀͒͗̈́̄̄̀̍͠ ̷̢̧̛̮̜̙̼̪̖̺̻̼͙͇̲͑̐̿̋̾̀̿̅͒̚͠͝P̴̱̖̮͈͚͉͉͕̼̓̌̍̓̏̎͗̒͌̉̒̆̎͜͝ͅȀ̵̡̹͈̲̭͇̥̠̖̩͇̤̀̒̉̈́̍̆̕̕͝͝ͅŔ̵͚̠̞̽͋̌̇̆͑̽̏́̂̀͂̒͜ͅŢ̶͕͖̗͚̏̀͋̀̂O̷̥̯̒U̷͈̼̖͚̠͆̿̈́͋͑̄̃̀̚T̶̯̥̪͐̽̓͘ͅ
La Voix, hargneuse, réduit ses pensées en charpies ; les souvenirs sont déchiquetés par les mêmes crocs qui déchirent ses chevilles, la douleur vrille, lancinante, l’Ombre s’extirpe de sa tanière. Elle contraint le Chevalier à abandonner la réalité, à se concentrer sur Elle, quelques secondes, pour la surveiller.
Calme. Il n’y a personne. Que nous. E̴̩̒̓͑Ţ̴̛̟̭̱̥̼̿͆̓͐̾ͅ ̵͔͕̫̖̺̩͚͍̆̈̽͆̂̚E̷̮͖̪͖̾͋̿̃̚L̶̛̹̹̠͈̺͓̜̩̀̾͌͐͛̈́͒̀̆͠ͅL̴̢̨̧̛͖̣̦̮͓̩̞͇̈́̃̈̀̾͝E̴͖̺̩̼̯̾́̇̌̌̆̚.̷͍͖̹̫̹̀̈́̅̋̊̒͛̔̃̐̀̎̊͐͘ ̵̢̜̙͕͚̯̺̬̮̹̞̅͑̀̀͑̊̍͜Ē̷̟͉͖̘̩͔̊͋̐͛͘͘T̸̢͍̖̦̳̩̀͛́͌͋͛̑̕͝͝͠ ̸̡̩̺̺͈̻̝̙͎̬͚̠̟͔̼̅͋̆̿͐́̒͑̂́̐͌͝͝͝L̵̳̝̻̭̗̤̺̿̀͋͋͛̅͑ͅͅȆ̵̤̃̊͘ͅS̴͚̲̞̲̰͍͇͍͎̟̯̥̦̑̽̎̃͆͗͗̈́̃̋́̚ ̶͕̗̆̄̎͑̄Ä̶̠̰̮̼̲̫͙̥͔̤̠̻͇͔̘́͌̀̒̏̾̈́̍̓̓̆̑̋Ṳ̵̡̮̓͆̉̈́͐̇͛̎T̸̡̖̠̟̠̀̄R̵̢̧̦͇͈̳̫̳̞͙̯̤̝̀͝Ẹ̵̛̥͗̈́͐̅̉́̉̎̇̂͝͝͠͝S̷̨͚̬̫̺̹͓͇̹͋̾̔͐̈́͌͒̒̿̈̕̚͠͠͝.̸̲́̍̂̂̈ ̴͈͇̥̝͓͎̤̘̭̖͇͖͆͌͌̾̔͒͑̃̚̕͜͠͝
Les yeux d’Aimable se sont détournés. Ils ne regardent plus Béatrice, ils fixent le sol. L’homme semble aux aguets, il tend l’oreille, un mouvement vif de ses paupières trahit le calme olympien de son corps. Aimable tourne légèrement la tête, avant d’adresser un rapide regard à Béatrice.
Haine, peur, désespoir, chaos dans ses veines, qu’il étouffe en refermant les paupières. Lorsque ses yeux s’entrouvrent, il s’étonne d’avoir fait un autre pas.
_ Marchons… Je vous prie. L’air est froid. Mes douleurs se réveillent. De quoi parlions-nous déjà ?
Peut-être a-t-il omis toute politesse. Sa voix est plus rauque, malgré tous ses efforts pour paraître serein. Doit-elle réellement l’accompagner ? N’est-elle donc pas en danger, à ses côtés ? A quoi pense la Voix, que veut-Elle faire ? Que chasse-t-Elle ou fuit-Elle ? Elle a conscience du
Ḏ̸̡̰̘̬̬̰̠̦̱̟̽̋́̒̄́̐̆͛͜͜͠A̵̩̤͚̬̞̟̎̔ͅN̷͓͈͌̀͊͛͂͂̏͆͐̓̃͐͜͠G̶̢͔͕̬͍̯͚̲͎̿͑ͅÈ̵͖̳̝̳͂̏̋͊̒̐̾̓̈́͒͝R̸̪̬̭̬̮͔̟̩̉͛̒̌͐ ̵̛͎͎̪̯̰͒̔̉͌P̸̨̢̢̛͇̹̳̻̼͍̘̠̜͓͎͉̾͛̎͐̅̑̈́̇A̵̟̤̺͓͚̐̓̉̄͆̎̀̊͌̈́R̴̡̡̡̻͕͓̝̭̣̣̬̥̬̝͗̇͜T̵̬͙̠͎̑̕̕ͅͅŎ̴͔̻͆͊̈́͊̌̋̽̓͋͑͒̎̆͝U̸͓͚͚̺̳͍̩̘̇̌̅̆́̊̚̚͝T̷̲̩͓̝̀̇̒͊̕̚͜͝ ̷̧̨̧̢̱͇̼̳̘̲̹͆̿́̄̍͋͘͘͝A̷̛̫̣̟̻̹͙̪̞̿̂̿͗̒̀̓̓́Ų̷̨̮̗̬̺͔̻̤͉̱͌̒͝ͅT̴̰̭̮͎͎̲̪͚͆̾̈̊͑͐͊̓͒̅̽̉̇̚Ọ̶̡̹̲̦̻͉̟̺́̀͜U̸̝̘̦̳̣̬̹͉̦̠̒̓̈́͐̈̃̆̋͌͊̊̆͝R̵̞̤̲̅̂̑̿̌̒͌̔̈͛̚̕͘͝
Son allure habituellement chaloupée allie à présent souplesse et rigidité. Son pas est plus rapide, il y a la résistance de ses articulations, de sa volonté, un regain d’énergie alors qu’il se glisse dans les ombres des jardins. Le cœur qui bat à sa tempe et la Voix qui montre les crocs, dans un coin de sa tête.
Son épaule heurte quelque chose – quelqu’un. Il le réalise quand la personne manque de tomber – aussitôt, son bras s’étire avec une rapidité digne d’un père rattrapant son enfant. D’un faucon s’abattant sur sa PrrRROIE. Il relâche le bras qu’il vient de saisir, bat des paupières quelques secondes, reprend pieds dans ce monde.
_ Veuillez me pardonner. Je ne vous avais pas vu.
Ce n’est qu’une enième maladresse à laquelle Béatrice assiste. Penaud, Aimable se recule d’un pas, manque de rentrer dans la jeune femme si elle l’a suivi, jusqu’à préférer s’adosser à un buisson pour être sûr de ne plus bousculer personne…
@Aydos Habsbourg (Tu es la pauvre victime de la bousculade)
@Hildegard C. De Bayard (Juste parce qu'Hildegard étant dans les parages, elle l'a sûrement vu)
PS : J'essaierai de ne plus faire d'aussi gros pavés pour l'event promis !
Ils prirent tous deux place sur le banc tendis qu'elle reprenait la parole. Contre toute attente, la participation de la baronne à ce genre de festivités était une première pour elle aussi avant de prononcer quelques mots qui résonnèrent profondément en lui. Impossible de faire suffisamment confiance à quelqu'un en une seule soirée. Il ne pouvait être plus en accord avec cette assertion et, machinalement, sa main droite vint effleurer ses cicatrices avant de venir se joindre devant lui d'une manière résolue.
Cependant, il ne put s'empêcher de demander.
"Compliqué de faire suffisamment confiance pour vous confier quant à l'identité de vos éventuels ennemis et leurs motivations, ou faut-il comprendre par là qu'il vous serait impossible de faire suffisamment confiance pour accepter de vous en remettre entièrement à un inconnu pour votre défense ?"
Sans doute les deux en fin de compte. Emmery était finalement de plus en plus satisfait d'avoir ce rôle de pseudo-protecteur. Au moins ça l'exemptait d'avoir à répondre à pareil questionnement. Son regard se leva pour croiser celui de la baronne.
"Si cela peut vous rassurer, sachez que c'est un sentiment partagé. Aussi, je ne compte pas vous assommer de questions. Et puisque nous sommes d'accord quant au fait qu'il est prématuré d'évoquer la réalité de mon devoir de protection à votre égard, je vous propose de nous contenter de tenter de passer une agréable soirée. Qu'en dites-vous ?"
Il sourit de nouveau avec un certain enthousiasme. Malgré cela, il devait admettre que sa curiosité avait peut-être bien été réveillée pour cette personne. Cependant, la brusquer ne l'aiderait certainement pas à l'assouvir. Par ailleurs, il admettait sans réserve demeurer des plus méfiants pour le moment. Mais comme bien souvent, son utilitarisme latent lui fit voir la scène en cours sous un nouveau jour. Une femme de la noblesse plutôt réservée et sure d'elle pourrait peut-être se révéler être un bon parti pour un majordome tel que lui. C'est-à-dire un majordome sans emploi pour l'instant.
Qui sait, cette soirée pourrait peut-être lui être bénéfique. Cependant, il restait lucide quant à ses maigres chances de tirer son épingle de ce jeu étrange. D'une part car il ignorait si elle avait besoin d'un majordome, et d'autre part, car ils ne savaient rien l'un de l'autre et qu'elle ne semblait pas être de ces nobles capables d'engager n'importe qui sous prétexte qu'il présentait bien. Il lui faudrait donc peut-être bien gagner sa confiance... Bien qu'il ignore comment réaliser une telle prouesse. Il avait beau avoir un minimum de subtilité, ce n'était certes pas sa marque de fabrique et il avait davantage tendance à repousser les gens qu'à les attirer sans qu'il ne sache vraiment pourquoi. Quelque chose relatif à son tempérament a priori.
@Hermance d'Ailly
Dahlia se détendit peu à peu, ses joues passèrent du pourpre à une légère teinte rosée lentement. Ce jeune noble était, quoi qu'il en soit, très courtois et d'agréable compagnie, pour le peu d'échanges qu'ils eurent jusque là. La soirée ne pouvait que très bien se passer, n'est-ce pas ?
-J'espère que votre séjour fut des plus agréables en tout cas et que la langue ne fut pas une trop grande barrière pour apprécier pleinement la vie là bas.
Elle lui rendit son sourire, sourire délicat et plein de sincérité, désormais bien plus sereine. Parler de sa terre natale avait au moins eu le mérite de lui faire oublier cette histoire de serment.
-Hm… Il est vrai que ce fut difficile au début mais j'ai eu la chance d'avoir le soutien de mon mécène, le Duc de Bourgogne. Peut-être l'avez-vous déjà croisé au Palais?
Sa présence l'aurait assurément apaisé dès le départ mais Dahlia devait se débrouiller toute seule, pour cette fois. Il était temps d'appliquer tout ce qu'on lui avait inculqué des années auparavant et prendre racine dans un monde qui aurait du être le sien plus tôt.
-Je… Je ferai en sorte de ne pas être un fardeau non plus pour vous, June.
Rencontrer deux nobles aussi serviables… Dahlia pouvait-elle se considérer chanceuse ? Peut-être. Mais elle espérait ne pas trop incommoder ce jeune noble avec ce serment. Ce n'était certes que pour la forme mais qui sait? Le Duc cherchait sans doute, peut-être, une compagne, une noble à épouser et elle ne voulait pas être obstacle à ses projets.
-Une danse serait un peu… Pourquoi pas une balade- kya !
D'un sourire légèrement embarrassé, Dahlia passa à une légère grimace alors qu'un papillon vint heurter son œil sans crier gare. Ce n'était qu'un insecte mais c'était un peu douloureux si bien qu'il réussit à lui arracher quelques larmes discrètes. L'italienne se frotta l'œil gauche d'une main et chercha son mouchoir de l'autre main mais sans grand succès.
-Pardon… Je…
Où était ce fichu mouchoir ?
Emmanuel est immédiatement subjugué par la beauté de la demoiselle qui lui fait fasse. Anna est assurément une très belle femme, mais l’infant ne souhaite pas la mettre mal à l’aise en la fixant de la sorte. Alors, prestement, il détourne le regard, préfère river son œil sur un point invisible dans le lointain. Et là, il se rendit compte de tous ses manquements.
Il ne s’était pas dûment présenté.
Son père l’aurait irrémédiablement repris instamment s’il avait osé faire une chose du genre, lorsqu’il était enfant. Mais voilà, d’enfant, il n’avait plus que l’âge relativement modeste par rapport à d’autres lycans. Et peut-être son cœur en cendre à force de déception, aussi. Tout était question de point de vue. « Veuillez excuser mon comportement, je viens de me rendre compte que je ne vous avais même pas donné mon nom, ce qui est pourtant la moindre des choses. » Il s’incline. « Vous pouvez m’appeler Emmanuel. Je ne suis qu’un simple roturier mais j’espère être à votre convenance malgré mes impairs. »
Il commet des erreurs dans son approche. Jamais roturier pourrait user de tels mots, de pareil langage. « Quant à vos propositions, ma foi, elles sont fortes alléchantes. Pourquoi ne pas jouer à un jeu, en effet. Connaissez-vous le principe du jeu « Trouves ce que je vois ? » »
Un jeu tout ce qu’il y a de plus simple et que Nao utilisait souvent pour faire tenir Emmanuel tranquille du temps où il répondrait encore au nom de Mezariel. Cette époque était loin, mais les jeux, eux, demeuraient intemporels. Presque comme lui.
Bon, puisque Céline n’aurait visiblement pas droit à une jolie demoiselle ou un bellâtre près à lui susurrer des mots doux, n’était-il pas plus commode d’arrêter les frais immédiatement ? Après tout, il avait vu un grand dadet blond planter là une pauvre donzelle qui n’avait rien demandé à personne. C’était mal mais en se remémorant la scène, il ne put s’empêcher de rire un peu.
Rien ne l’empêchait, cela dit, d’user d’une technique similaire, le côté goujat en moins - c'est qu’il n’était pas si dépourvu de manière, lui ! Ainsi donc, il offrit un sourire sincèrement tendre à son vis-à-vis. « Bien bien, écoutes moi grand, visiblement, je ne te convient pas non plus alors pourquoi ne pas nous dire au revoir d’une manière des plus courtoise, dès à présent ? » Un petit clin d’œil charmant et il reprit. « Ainsi, toi comme moi pourrions vaquer à nos occupations, qu’en dis-tu ? »
C’était un bon compromis et c’était encore mieux si les deux partis convenaient de cet accord-ci. Voyons voir, qui pourrait-il aller enquiquiner par la suite ? Les possibilités étaient immenses.
@Noah
Le bras désormais pris avec celui de sa protégée, Inesis se permet d’avancer un peu plus vers l’allée centrale des jardins. Ils croisent un couple composé d’un homme à la chevelure blanche et d’une dame blonde que le vampire les fait contourner pour plus de facilité – et surtout pour ne déranger personne. Dans cette direction, il pourra lui montrer sous peu un endroit plein de lucioles.
Si ses oreilles captent une phrase qui pourrait tout à fait sonner charmeuse, Inesis n’en fait aucun cas. Non seulement son cœur et son âme étaient déjà tous dédiés à Feliz, mais en plus… Non, il n’y avait même rien à rajouter. C’était ainsi, point. Inesis n’en démordait pas, il était trop fidèle pour cela.
Lorsqu’ils furent éloignés, il reprit un peu la conversation. « Vous avez le sens logique aiguisé, madame. Il est vrai que je ne suis pas né en France. » Il se racle la gorge, essayant de bien sélectionner ses mots. « Je suis né au cœur du Saint Empire Romain Germanique, dans l’étable d’une petite ferme où ma voyageuse de mère nous a donné naissance, ma sœur et moi-même. » C’était la version à laquelle il se tenait, du moins.
Oh, Françoise en aurait presque roucoulée. Tant d’attention, juste pour elle, c’était suffisamment rare pour qu’elle souhaite en profiter pleinement. Et par attention, il était là question d’une réelle attention dirigée pour sa personne, pour qui elle était et non pas pour qui elle devait être. Qu’importe le mari de choix qu’elle s’était imaginé, finalement cet homme était très charmant ; elle venait de le décider à cet instant et sa parole, en tant que belle femme de la noblesse, ferait loi, très certainement.
Mais elle se sentie un peu idiote d’avoir brassé l’idée d’engager un garde du corps. « Euh… Non… » Elle admit quelque peu gênée, à mi- mots « C’est que, c’est une mode d’avoir un garde du corps… Et puis la Reine en a un alors je me disais qu’en avoir un aussi serait une bonne idée pour attirer sur moi les regards de beaux partis. »
Mais la curiosité naturelle reprit le dessus rapidement. Françoise était intéressée par la vie précédente que cet... Amarillo ? C’était espagnol, non ? Il devait forcément y avoir des choses à raconter ! « Parlez-moi donc de votre vie par-delà les frontières, comment était-ce ? » Elle papillonne des yeux, enfant gâtée, souvent, mais aussi délaissée, tout le temps.
Oh, ainsi donc il ne parlait pas un mot d’allemand. C’était même tout le contraire puisqu’il sembla à Victoire reconnaître de l’espagnol. Voici des années qu’elle n’avait plus pratiqué cette langue, même si les racines en commun qu’elle avait avec le français lui permettrait sans doute de déchiffrer – plus que de comprendre en tout cas – ce qui lui serait dit ainsi.
Mais la volonté de Sadie à poursuivre en français l’honorait encore plus aux yeux de la souveraine. Elle s’empara du bras galamment offert et suivit son protecteur de l’année dans une courte marche. « Oui, en effet, un banc sur le bois proche serait une aubaine ! J’aime à regarder les étoiles et les autres astres lorsque je le peux. Mais je n’ai que trop peu le temps de m’y adonner dernièrement. » Outre ses activités de Reine, elle restait une mère avant tout et même si Victoire aimait inconditionnellement ses enfants, il leur arrivait parfois d’être épuisants.
Une soirée loin de cette responsabilité serait donc parfaite à tous les niveaux.
Victoire allait pour désigner un banc libre, un peu plus loin, lorsque Sire sauta de sous sa robe pour venir attaquer les bottes de Sadie. « Par le Ciel ! Sire ! Cesses cela immédiatement ! » La souveraine apprécia que le chien soit un tout petit modèle car même elle pu le prendre dans ses bras et le ramener contre sa poitrine. Puis, un regard d’excuses envers l’homme. « Je… Je suis confuse, je ne sais vraiment pas ce qui a pu le piquer, tout d’un coup. » Elle ne connaissait pas l’animal aussi bien que Stanislava, mais tout de même ! Un soupir.
@Sadie
May observa sa robe avec intérêt. « De couleurs, vous dites ? » Elle était perplexe. « Donc il aurait mieux valu miser sur davantage de couleurs plutôt que sur autant de tissus, c’est cela que vous me dites ? » Mais plus elle essayait de comprendre, moins elle parvenait à trouver une explication satisfaisante à ses oreilles. Non, décidément, les chiffons n’auraient clairement pas son affection, même après cette soirée-ci. Et d’ailleurs, elle ne savait pas si elle participerait aux suivantes tant cela se révélait être une corvée ! Elle s’était faite avoir une fois, mais pas deux ! Enfin, c’est ce qu’elle aimerait penser, toutefois…
Secouant la tête à cette pensée, elle accorda sa pleine attention au Duc. « Romantique ? Hum, oui, j’imagine. Pourquoi donc ? Avez-vous des souvenirs romantiques disséminés çà et là dans ces jardins, cher Duc ? » Maintenant qu’il avait brisé la glace merveilleusement bien, May parvenait à le regarder dans les yeux sans rougir. Comme quoi il en fallait peu pour lui permettre de se sentir en confiance.
Elle se demandait ce qu’il allait bien pouvoir lui raconter. C’est que maintenant, elle était curieuse ! Et une May curieuse était une May attentive sur le moindre détail donné à son esprit analytique.
« Je comprends, ma Dame. Vous n’avez guère besoin d’en dire davantage. »
Un garde. Attirer les beaux partis… La reine… Tu expires lentement et t’approches de la demoiselle, lui offrant ton bras sans un mot, une proposition silencieuse de parcourir ces jardins éclairés de bougies. Une fleur doit s’épanouir en son jardin.
La question pourrait piquer tes souvenir emplis de tristesse, mais ce n’est ni la nostalgie ni la peine qui s’invite dans tes pensées. Tu portes un regard sur elle, ses traits encore enfantins, les efforts qu’elle a pu mettre à se rendre encore plus belle pour l’occasion. Elle te rappelle ton épouse. Elle-même qui refusait de porter guenilles si elle pouvait s’afficher dans sa plus belle toilette à ton bras. Qu’importe ses vêtements rapiécés, ou vos souliers troués. Qu’aimait-elle t’entendre dire ? Parler d’elle. Montrer qu’elle comptait.
« Il n’est pas certain que mon histoire puisse seoir à votre intérêt… Je suis un roturier de Brandebourg, garde-chasse. Il m’apparaît inconvenant de vous harasser des contes de ces travaux en une nuit si claire. » Mais tu poursuis cependant, le ton toujours aussi sobre. Tant pis, si parler n’est pas à ta convenance. « Il me tarde davantage d’apprendre à connaître ma Dame. Êtes-vous à la cour depuis plusieurs printemps ? Je ne peux qu’être flatté d’être vu au bras de si charmante dame. »
@Françoise de Bellevallée