Il la dominait à tous les niveaux, tous les aspects. Aussi bien par la taille que par la stature puissante dont l’aura de confiance se dégageait presque naturellement et dont il avait le secret. May était subjuguée par cet homme, ce client qui était finalement devenu un ami. Ou… Peut-être plus ? Elle-même ne le savait pas, ne le savait plus.

Branwen se serait moqué d’elle, s’il était venu.
Ou peut-être aurait-il eu envie de l’étriper, aussi.

Ce qu’elle pouvait comprendre. May se demandait encore comment elle avait pu avoir tant de chance – provoquée par le Duc d’Orléans, certes, mais tout de même – et se retrouver ainsi. Pourtant les choses avaient bien mal commencé, plus tôt dans l’après-midi. Grâce à son précédent compagnon, elle arborait maintenant une chevelure potable, mais elle était presque sûre que les traces bafouées de son maquillage trainaient encore çà et là sur son visage. Encore une extravagance de son ami roux, à n’en point douter. Elle ne réitérerait pas l’expérience de sitôt !

Mais pour l’heure, elle souhaitait simplement profiter des mouvements de balanciers que June lui offrait. Lorsqu’il murmurait quelques mots à son oreille, May se sentit brûler de l’intérieure, fondre. Si on lui avait dit alors que son visage était lave du Vésuve, elle n’aurait pas contredit. Toutefois, venant cacher sa frimousse contre le torse de son cavalier – pire idée du monde -, elle essaya vaguement de laisser échapper une protestation. « Mais !... June… Vou-… Tu te moques alors que… »

Alors que quoi ?
Elle aussi était ravie. Mais elle n’osa pas le dire si ouvertement.

Elle était presque sûre d’avoir reconnue la frimousse du fameux « valet » et était bien déterminée à aller lui adresser quelques mots ! Mais après tout, qu’allait-elle lui dire ? S’excuser ? Devant tant de monde ? Si l’envie était là, la décence et le bon comportement étaient également présents. Elle ne pouvait pas se permettre.

Mais…
Et si…
Juste une fois ?

Ce fut la pensée distraite de trop puisque la seconde suivante, elle eut à peine le temps de sentier son soulier glisser sur le pavé qu’elle dû se raccrocher plus fermement à l’Amarillo pour ne pas chuter. « Aoutch ! » laissa-t-elle s’évader de sa gorge alors que les larmes lui montaient aux yeux.

On non, c’était une catastrophe ! Elle avait échoué, encore !

Impossible de rester avec une telle blessure, elle le savait bien. Mais sa vexation couvrit tout le reste. Lorsque son protecteur lui proposa d’aller voir le physicien, Françoise su qu’il avait raison. Elle hocha la tête, tâchant de retenir un sanglot. Une femme de haute lignée ne devait pas pleurer pour si peu, c’aurait été une honte pour la famille !

Elle osa cependant un regard vers le jeune homme qu’elle aurait voulu aller voir. Le regret était bien présent dans son regard. « Bien, allons-y… »

Encore un autre soir qui ne serait pas le sien.

Hrp:

Enfin, Merill se sentait considérée à sa juste valeur ! Et quel plaisir que ce soit par le Grand Cardinal lui-même ! Elle était vraiment toute contente de ce revirement de situation et tant pis pour Caelestis, elle essayerait d’assister à son sermon, histoire de rire un peu des regrets du jeune homme ! … Si temps est qu’il en est, des regrets, ce dont Merill doutait.

Piouf, elle en avait vu, des soldats endoctrinés par l’Eglise, mais là c’était tout de même autre chose. Ceci étant dit, Merill laissa cette pensée de côté et prit avec joie le bras de Constantin contre elle, avançant vers un endroit un peu plus calme – oh, son rêve !

Aux mots du religieux, elle eut un sourire très tendre. « Nulle inquiétude, mon père, je le sais bien. J’ai… » Elle semblait avoir du mal à trouver ses mots. « J’ai eu moi aussi des choses à faire et qui ne pouvait pas attendre, malheureusement. » Puis, resserrant le bras prisonnier des siens, elle continue, l’air d’un coup bien plus mutin. « Vous avez rencontrez Ferdinand du coup ! Il est adorable, n’est-ce pas ? »

Ah, était-il réellement si sage que cela ? Etait-il si charmant que cela ? Inesis en doutait. C’était surtout là le fruit de sa vie désormais bien plus longue qu’elle n’aurait dû l’être s’il était resté humain jusqu’à la fin de son existence. Le fait de devenir vampire mordu imputait bien des inconvénients mais également beaucoup de bonnes choses et de bonheur – en tout cas, dans son cas à lui. Alors sa vision des choses, il la devait surtout à la présence de Feliz, qui savait lui offrir, de par son amour, une ouverture toujours plus grande sur le monde.
Quelque chose dont l’Eglise s’était bien assurée de le priver, bien avant tout ces chamboulements.

Il continua de marcher sans vraiment regarder om il allait, tout paraissait naturelle. Mais la question d’Hélène parvint tout de même à le prendre au dépourvu. « Euh… Pour le moment je… Je veille sur les plus nécessiteux, en quelque sorte… » Il ne pouvait décemment pas dire qu’il sortait presque chaque nuit pour chasser des créatures dont l’appétit pour les humains aurait été un peu trop fort face à la raison. « J’ai travaillé pour l’Eglise fut un temps mais maintenant que j’ai adopté un rythme nocturne, je pense essayer de m’engager dans une milice de nuit. »

Il mentait, mais cela lui donnait une excuse et une crédibilité toute trouvée.

La main sur sa taille est à peine pressée que déjà, May ne sait de nouveau plus ou donner de la tête. June a le don de la mettre dans tous ses états. Et pourtant, même si son cœur tambourine dans sa poitrine, même si elle se sent comme brûlante et qu’elle devine que ses joues – voir son visage entier – ont pris une teinte cramoisie, elle n’arrive pas à vouloir s’extraire de cette étreinte, de ces pas de danse.

Elle veut profiter, savourer.
Jamais encore elle n’avait connu cela.

Que lui dirait Branwen, dans ce genre de situation ? Probablement de ne penser qu’à elle et d’être un peu égoïste, pour une fois. « June… » murmure-t-elle, alors que seul lui peut l’entendre dans le pseudo brouhaha ambiant.

Ses yeux d’or se redresse alors vers leurs verts homologues et sa gorge de sent tout à coup comme prise d’un étau puissant, sévère. Mais la jeune femme inspire profondément, ne laisse rien paraître. Enfin, se convainc qu’elle ne laisse rien paraitre même si rien ne saurait être plus clair que ses sentiments, logés jusque là dans les profondeurs de ses agapes.

Ses deux mains enserrent un peu plus fort le col de June, maintenant qu’elle à reprit le contrôle de leurs positions et May se dresse sur la pointe de ses pieds. Elle a envie de tant de choses alors que les centimètres se font de moins en moins présents entre leurs faciès.
Mais voilà, au dernier moment, un doute l’empoisonne. Finalement, elle relâche son étreinte sur le vêtements et entoure simplement de ses bras le cou du jeune homme. « Merci… »

Elle n’a pas le droit à autre chose.
Elle se contentera de cela.
Même si ça fait mal.