Something new
Le soulagement est presque lisible sur ses traits lorsque le jeune homme accepte de ne pas rester au beau milieu de la végétation. Eve ne doute pas une seule seconde qu’il y aurait d’autres personnes aux alentours. Mais ce n’était pas pour autant qu’elle se voyait fausser compagnie à Emilien. A vrai dire… Elle le trouvait même d’une compagnie agréable. Elle lui rend son sourire sans plus de réflexion, presque complice lorsqu’il se range de son côté et justifie même que l’odeur des plantes pouvait être accentué par les bougies. Ah, n’était-ce pas un procédé qu’Eliandre utilisait parfois pour extraire les huiles essentielles de certaines plantes ? Elle secoue doucement la tête, amusée par sa propre pensée, s’accordant un instant de répit alors qu’avancer à pas tranquilles réveille ses autres sens. Lui évite de se concentrer trop intensément sur ce sentiment de mal être qui tente de lui couper l’herbe sous le pied.
Et le jeune homme près d’elle… se trouve être une plaisante distraction. La façon presque puérile avec laquelle il tente de démontrer la localisation des lieux, puis se justifie d’une explication tout aussi sensée… Sans surprise, son rire résonne encore quelques secondes, léger, bon enfant.
« Ne vous excusez pas pour si peu. Je crois bien qu’il n’y a que peu de personnes à la capitale qui pourraient même placer avec certitude les montagnes dont vous êtes originaire. Baptise aimait à parler de son domaine. Je ne doute pas que vos contrées soient tout aussi belles que celles dont il me peignait inlassablement le paysage. »
Mais le voilà déjà attiré par le sujet des oiseaux. Un choix judicieux, semblait-il… Et… Mentirait-elle en disant que l’étincelle dans son regard est attendrissante ? Non. C’était peut-être dans la curiosité qui l’habite. Eve ne cache pas son sourire lorsqu’elle lui raconte le programme de la journée, soulignant, avec quelque peu de gêne, qu’il s’agissait, à l’origine, d’un événement réservé à ces dames.
« Mais comme vous pouvez le constater, porter le prénom d’Eve semble être un préjudice imminent à ma virilité. »
Un clin d’œil complice et elle lui fait part des différents oiseaux qu’il lui semblait avoir aperçu…
« Hm, et par la suite, Madame Lorient nous a offert un présage basé sur le premier oiseau que nous avons pu observer. Semblerait-il même que les moineaux soient un présage d’amours heureuses… » Un soupir et elle croise ses mains dans son dos, régale, mais déjà bien plus détendue. Ignorant sans le réaliser les quelques personnes qui pourraient se trouver à proximité.
« Je ne pourrais pas dire connaître les jardins royaux comme la paume de ma main… Mais son Altesse le jeune dauphin, Basile de France, aime à s’aventurer dans les jardins lors de nos quelques instants partagés. Sa majesté également aime à parcourir les jardins à la française… »
Quelques pas supplémentaires et la brise se lève, repoussant mèches ébènes et boucles blondes. Amenant surtout l’odeur des fleurs et si ses sens sont naturellement en alerte… ? Ah… C’est d’un geste presque trop vif qu’elle ramène le dos de sa main gantée contre le bas de son visage, voilant son nez et ses lèvres, les sourcils pincés. L’odeur des fleurs. L’odeur des fleurs allait la rendre folle.
« Pardonnez-moi. » Souffle-t-elle la voix serrée, paraissant bien pâle. « Il se peut que je sois finalement la pire compagnie que cette soirée ait pu apporter… »
@Emilien Blanchard & mention de @Eliandre
▬ Allons ne faites pas la timide ma très chère, promis le Duc ne va pas vous manger ! Il était bien décidé à aller chahuter les tourtereaux quand la garde du corps le stoppa net dans son élan en l'entrainant derrière une haie pile au moment où la jeune demoiselle blonde qu'il avait prise pour cible ne s'évanouisse. Hééééé ! Chouina-t-il sans comprendre avant que la panique ne reprenne brièvement dessus. Étaient-ils menacés ? Ses doigts se resserrèrent autour du bras de la rousse. Quoi ? Que ? Hein ?
Heureusement il ne s'agissait pas d'une attaque surprise mais d'un simple malentendu. En écoutant les explications de Stanislava, l'évêque ne put s'empêcher de la railler gentiment :
▬ À ce point là ? Mais n'est-ce pas là l'occasion parfaite pour vous deux de vous rafistoler ? La Bible dit bien « si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi ». Il marqua un temps d'arrêt et puis son sourire s'élargit encore un peu plus. Ne me dîtes pas que le Duc et vous... ?
Mais à travers les branches de la haie, tandis que le Duc d'Orléans emmenait la demoiselle se rafraichir sans doute dans un coin plus tranquille, une silhouette seule attrapa l'attention du prêtre.
▬ Soeur Merill ? Sans attendre de réponse, Constantin repartit à la charge, entrainant toujours Stanislava avec lui, direction Merill cette fois-ci. Youhou Soeur Merill ? Pourquoi êtes-vous sans cavalier ce soir ? Où est votre chevalier servant ? La héla-t-il au loin en s'approchant.
Même s'il se forçait à ne pas laisser apparaitre son angoisse, il était réellement soulagé de retrouver un visage familier au milieu de la foule et le sourire lumineux qu'il adressait à sa comparse reflétait bien toute la joie de retrouver la demoiselle saine et sauve après les malheurs d'Evreux.
J'ai suivi les ordres maintenant j'ai le droit de partir en roue libre si j'veux
du printemps —
S'apprêtant à questionner sa partenaire sur le ciel et les constellations de ce côté de la planète, l'irruption bruyante de "Sire" le coupa dans son élan.
Si Sadie ne fut pas surpris de la présence de l'animal - son petit coeur battait à tout rompre depuis le début de l'entrevue et l'odeur des chiens ne pouvait être ignroée facilement pour un odorat comme le sien - il ne put retenir une mine intriguée en observant la petite créature. Il n'avait encore jamais vu de chien aussi petit, ou alors très rarement, depuis son arrivée ici. Ces petits chiens européens étaient un condensé de hargne assez déroutant pour qui était habitué aux humeurs placides de plus grands canidés.
« Ce n'est rien. »
Elle venait sûrement de sauver l'intégrité de l'animal. Sadie n'était jamais enclin à blesser ces petites créatures de Dieu sans raison mais il n'était pas au dessus de leur mettre une rossée si le besoin s'en faisait sentir.
« Voilà un petit roquet bien énergique. Permettez ? »
Le lycan s'autorisa à prendre l'animal des mains de Victoire sans s'encombrer à attendre sa réponse, coinçant la bestiole contre son torse d'un bras, main tenant sa gueule par en dessous pour bloquer les tentatives de morsures.
« Là. Je ne compte pas amener ta maîtresse bien loin perrito,» expliqua-t-il au chien comme à n'importe quel enfant. « Nous allons nous asseoir et tu pourras monter la garde tout ton soûl. »
Joignant le geste à la parole, il présenta à nouveau son bras libre à Victoire, parcourant les quelques mètres restants jusqu'au banc qu'ils avaient pris pour cible. Une fois la dame assise et ses robes apprêtées, Sadie lui tendit son chien, tapotant la petite tête qui grognait toujours en sourdine à son égard, et s'installa à ses côtés.
« Vous me parliez des étoiles. Cultivez-vous un intérêt pour l'astrologie ? »
Les chemins des étoiles étaient une véritable langue, pour qui pouvait la comprendre. Les meutes du Nouveau-Monde s'y fiaient pour parcourir les plaines et les montagnes, suivre les migrations du bétails et retrouver les routes millénaires des peuples du continent. Les marins en avaient fait leurs cartes, conversant avec elles par dessus les vagues au coeur de la nuit. Un monde silencieux et fascinant, à portée de tous les regards.
@Victoire de France
Aimable sur le sol.
Elle, à côté de lui.
Le garçon bousculé qui s’en embarrassait.
Et l’autre jeune femme — où était-elle passée d’ailleurs ?
La sorcière regarda à droite et gauche sans parvenir à l’apercevoir. Étrange, mais était-elle vraiment en position de dire ça avec Aimable dans cette posture à un pauvre mètre ? Non. En revanche, quelque chose qu’elle était en position de dire :
— ... Sur une chaise. Peut-être devrions-nous asseoir sur une chaise.
Elle supposa d’abord l’éducation du Chevalier oubliée à force d’être sur les routes ou reclus dans son domaine, mais la douleur qui commençait à la piquer aux jambes racontait une histoire différente. Ça avait été une sacrée collision, oui, mais Béatrice se serait tout de même imaginée que le jeune homme terminerait en pire état qu’Aimable, et non pas l’inverse.
— N-non ne vous en faites pas. Je suis plus solide qu’il n’y paraît.
Ah, bah ça.
Le garçon effectua une révérence que Béatrice gratifia, par réflexe, d’un nouveau hochement de tête, avant que les présentations ne s’effectuent, et qu’à nouveau, elle se fige, comme un disque rayé qui ne pouvait que répéter la surprise devant une situation idiote.
Prince ? Du Saint-Empire Romain Germanique ? parvint-elle à articuler avec un haussement des sourcils et un léger mouvement de recul. Les mots pouvaient bien être trompeurs, mais le baise-main, lui, ne mentait pas. De toutes les personnes possibles et imaginables qu’Aimable avait pu renversé, il fallait que ça tombe sur un prince (et d’un endroit appelé le Saint-Empire Romain Germanique, en plus). Si quelques blagues fort désopilantes lui venaient devant l’absurdité du moment, ce n’était pas un sujet duquel rire.
Mais une chose à la fois. D’abord, les présentations.
— Oh. Une hésitation. Simplement Béatrice. C’est un honneur et... Et un plaisir, votre altesse.
Elle lança un nouveau regard à Aimable pour lui signifier : un prince !!!!! par dessus la référence qu'elle effectua aussitôt, avant de se retourner vers l'altesse.
Scar ? Où était Scar ? Puisqu’il était son binôme aux yeux de l’église, il pouvait bien la tirer de là, et embarquer Aimable tant qu’à faire. Ou alors Constantin ? Caelestis ? Merill ? Quelqu’un ?
— Je suis surprise qu’aucun garde du corps ne nous ait encore sauté dessus suite à ce petit... Carambolage. Attends-t-il que nous baissons notre garde pour frapper ? À moins qu’il est la gentillesse de nous laisser profiter un peu des jardins avant, dit-elle sous le ton de la plaisanterie, cherchant à détendre l’atmosphère... et elle-même, il fallait bien l'avouer.
Malgré le côté un peu risible de cette soirée, Inesis ne peut s’empêcher d’avoir un sourire en coin – sincère – à l’expression de la dame à son bras. « Eh bien… » Un peu gêné, il chercher ses mots. Ne pas trop en dire mais ne pas la laisser sur sa faim, au risque de la voir s’acharner et rendre la chose compliquée à terminer par la suite.
« J’ai beaucoup voyagé avec des religieux. Ce sont eux qui m’ont majoritairement élevé lorsque les paysans chez qui nous sommes nés, ma sœur jumelle et moi-même, ne purent plus subvenir à nos besoins. Ils nous ont éduqués, soignés… Je dirais même sauvés, dans les faits. » Il taira cependant du pourquoi du comment. Là n’est pas le sujet et il n’a guère envie d’étendre ses explications.
Son sourire de circonstances s’efface lorsque vient sa sœur un peu plus proche dans l’équation. Mais il peut en parler, son deuil, il l’a accepté depuis longtemps. « Malheureusement, non. Ma sœur est décédée il y a quelques années, maintenant. Mais elle aimait profondément ce pays. C’est ici qu’elle était tombée amoureuse. » Il cligne des yeux. « Et sans indiscrétions, d’où venez-vous, Madame ? »
@Hélène de Constantinople
Elle n’aurait jamais pensé que Sire puisse être infusé d’une telle agressivité. En réalité, à part le voir tousser de temps à autre, Victoire ne l’avait jamais vu porteur d’une réelle vivacité. Alors s’en prendre à Sadie, vraiment, elle n’avait pas compris pourquoi. Il faudrait sans doute qu’elle en parle à Stanislava.
Elle n’offrit aucune résistance lorsque son compagnon de la soirée prit le petit chien de ses bras. Observant comment il s’y prenait pour calmer l’animal, Victoire sentait pourtant une réelle volonté de ne pas faire du mal à la petite bête et cela la rassura.
Lorsqu’enfin Victoire put s’installer sur le banc auprès de Sadie, la question qui lui fut posée eut le mérite de la faire sourire. « J’avoue n’avoir qu’une connaissance très limitée en la matière. Je sais que ma mère adorait regarder les étoiles lorsqu’elle le pouvait. Moi, malheureusement, je n’en ai que trop peu eu l’occasion jusque-là. » Toutefois, si l’on ne pouvait retirer quelque chose à Victoire, c’était son envie, sa soif d’apprendre.
« Mais si vous aviez un peu de temps pour m’apprendre les rudiments, j’en serais ravie, Sadie. » Et elle le pensait vraiment. Peut-être que ce sujet, neutre des atours de la Cour, pourrait lui permettre de communiquer davantage avec ses enfants en une volonté plus légère par la suite ? Elle aviserait en fonction. « Vous êtes… quel est le terme, déjà…. Astrologue, donc ? » ou astronome, Victoire ne se souvenait plus très bien de ce qu’il en était des dénominations du genre.
@Sadie
Sébastien ne se formalisa pas de l’oubli et suivit rapidement Gabriel dans le mouvement pour marcher dans l’immensité des jardins. « Je serais ravi de connaître vos adresses. Par ailleurs, peut-être pourrons nous aller y faire un tour avant la fin de la soirée ? Il ne me semble pas avoir vu qui que ce soit dire que nous devions forcément rester ad vitam aeternam ici, après tout. »
Sébastien n’avait jamais aimé le trop-plein de contrainte, de toute manière. C’était avant tout la curiosité qui l’avait conduit ici et si ladite curiosité était tiraillée par autre chose, il ne resterait pas ici éternellement. « Quant au sujet de discussion… Voyons voir… Vous avez trouvé une compagne digne de vous pour un éventuel mariage d’intérêt, ce soir ? » Il a conscience que sa formulation est peut-être un peu brusque. « Veuillez m’excuser, j’ai encore du mal à savoir comment m’adresser à une personne de votre statut. »
Jamais langue de bois n’avait eu sa préférence.
@Gabriel de Sercey
Assise là, près de la fontaine, Merill fulminait. « Non mais quel goujat, sérieusement ! » Elle aurait l’occasion de lui marcher sur le pied la prochaine fois qu’elle le verrait, c’était sûr ! Caelestis ne s’en tirerait pas à si bon compte… D’ailleurs où était-il, cet idiot ?! Etait-il seulement encore là ?
Reniflant sans grâce, Merill croisa de nouveau les bras. « Et dire que j’étais censée me sentir comme une princesse… C’est raté ! » Elle jeta un coup d’œil alentour. « La prochaine fois, je traînerai Ferdinand avec moi. Lui au moins, il ne me lâchera pas ! »
Difficile de supporter un tel abandon.
Elle entendit alors son nom ? Derechef, Merill quitta son assise et chercha d’où venait la vocalise.
@Constantin de St Hilaire
Françoise cligna des yeux, papillonnant tout en essayant de prendre en compte tout ce que cet homme lui disait. Lorsqu’il évoqua son passé son sourire eut tôt fait de s’amplifier. « Oh, au contraire, je serais ravie d’entendre parler de vos anecdotes ! » Il était toujours passionnant de rapporter des choses insolites du genre lors des thés entre amies. Nul doute qu’elle avait trouvé sa motivation de la soirée, à défaut d’avoir trouvé un beau parti !
Et lorsque le sujet tourna vers elle, Françoise fit de son mieux pour apparaitre tel le cygne qu’elle s’imaginait être. « Ohohoh, oui je suis arrivée l’année dernière, officiellement. Mon père est très occupé et je l’aide au mieux ! Ma présence à Paris était de toute manière désirée par la cour, à n’en point douter ! Les Bellevallée sont connus ici depuis des générations, vous savez ?! »
Se vanter avait toujours un coup agréable sur la langue.
Voyant les autres couples commencer à bouger, Françoise eut envie de faire de même. « Et si nous marchions un peu ? »
Elle avait envie de parader un peu. Mais… Est-ce un cri qu’elle entend ?
Les choses s’étaient déroulées si vite et avec une subtilité si absente que May en fut toute déboussolée. Tentant de dérober une nouvelle parole au Duc d’Orléans, elle n’en eut cependant pas le temps. « Mais… Que ? » Une jeune femme évanouie et devant elle, June.
June van Heil.
Il semblait tout aussi perdu qu’elle et pourtant, elle n’arrivait pas à lui trouver de défaut. Son regard s’adoucit même s’il se détourna vers le sol. Ce n’était pas ce qu’elle avait espéré car, oui, elle le remarquait seulement maintenant mais May avait été gorgée d’espoirs pour ce soir. Mais sa robe n’avait visiblement pas eu l’effet escompté. Elle souffla et tâcha de reprendre son sourire sans qu’il ne remarque rien, pour que le jeu d’ombre et de lumière formé par les bougies soit suffisant pour lui permettre de ne pas avoir à se justifier.
De toute manière, le baisemain passé, ses pensées dégonflées furent étouffées par les brûlures sur ses joues. Et les paroles de son ami ne firent rien pour arranger la chose. « Q-q-q-q-quoi ?! » Elle vint se tenir la figure, comme pour étouffer la gêne soudaine qui venait d’éclater dans son cœur comme l’aurait fait un volcan. « Qu’a-t ’elle dit ?! »
Au fond, cela ne l’intéressait pas beaucoup. Elle savait qu’elle n’aurait jamais dû dire ce genre de chose devant Stanislava. Elle ne le ferait plus à l’avenir, c’était certain ! Seul subsistait désormais un sentiment ambivalent qui faisait trembler son regard. « Je ne voulais pas être une gêne pour vous. » Déjà son poing accroche sa robe, au niveau de son cœur. C’est un ouragan sous cette peau claire.
Et un sursaut. Qui est cet homme qui hurle de la sorte ?
Stanislava retint bien évidemment une grimace lorsque Constantin évoqua la supposée bonne parole du Père céleste. Quand bien même Il existait, Stanislava s’en tamponnait la clochette de ses bonnes paroles. Pourquoi devait-elle suivre un type à barbe qui refusait qu’elle pose le petit doigt dans ses supposés maisons ? Et si elle devait l’écouter, son âme était déjà damnée depuis longtemps. Si elle devait aller en enfer, elle avait déjà eu un avant-goût en foulant la terre pendant 700 ans. Elle roula par contre des yeux lorsqu’il supposait une possible aventure entre June et elle. La seule aventure qu’il y a, c’était la mission pour escorter un cadeau pour la Reine.
-Moi et le Duc ? Urgh, vous n’êtes pas sérieux, Mon Père…
Mais la rousse n’insistera pas plus que ça. Libre à lui de penser ce qu’il veut. Ce n’était pas comme si Stanislava allait lui rendre visite à la Cathédrale. Lèvres pincées, elle le suivit donc, saluant discrètement May au passage pour rejoindre visiblement une de ses connaissances, sœur Merill, une rousse aux yeux bleus, assise seule à la fontaine. Qui était donc l’odieux personnage qui l’avait faussé compagnie ? Elle la regarda rapidement avant de scanner rapidement la zone. La Reine n’était pas en vue mais elle savait qu’elle n’était pas loin. Elle vit le Marquis de Sercey non loin en compagnie de… de-
-Sébastien ?
[désolée bébou June, vu qu'on sait pas trop comment ça va se finir la mission, j'ai supposé que c'était pas la joie entre nous mais jotem fort.]
– Oh non, je ne suis pas originaire de la même région qu’eux. Mais c’est vrai que c’est très beau par là. Vous n’y êtes jamais allé ?
Une franche curiosité se lit dans son regard alors qu’il tente, tant bien que mal, de rester un peu focalisé sur son compagnon du moment. Jusqu’à ce que le sujet des oiseaux soit abordé, là il ne résiste pas et se remet à regarder autour de lui, tout en écoutant de nouveau les explications données. Sans qu’il puisse s’en empêcher, un sourire espiègle apparait sur le visage du jeune homme, en réponse à ce clin d’œil.
– Je ne me permettrai pas de mettre en doute votre virilité, si ça peut vous rassurer.
Un peu enfantin, son sourire reste plaqué durant plusieurs secondes sur son visage en même temps qu’il se remet à regarder autour de lui. Prenant réellement conscience, pour la première fois, qu’il a déjà croisé une partie des personnes proches d’eux, le gardien des archives, mais aussi la jeune noble aux cheveux roux. Sensation étrange s’il en est pour lui.
– J’en déduis que vous avez vu en premier un moineau. Il repose les yeux sur Eve, interrogatif, je me trompe ? Un soupçon de pudeur l’empêcha d’aller demander au jeune homme si ce présage se vérifiait ou allait se vérifier, même si sa curiosité le faisait se poser la question.
Une expression un peu rêveuse passe un court instant sur son visage, avant qu’il ne secoue une nouvelle fois la tête tout en offrant un demi sourire au militaire.
– J’ai l’impression d’être dans un tout autre monde que celui que je connais, c’est assez… euh… dépaysant ? Mais agréable.
Une simple constatation qui lui échappe, avant que le vent ne fasse des siennes. Emilien reprend alors son sérieux, son regard sombre se posant dans celui d’Eve.
– Est-ce que vous voulez vous asseoir ? Vous n’avez vraiment pas l’air bien.
Ou tout l’art d’exprimer une évidence, sans réellement savoir quoi faire pour arranger les choses et si un sursaut lui échappe sous le cri d’un nom inconnu, son attention reste focalisée sur Eve pour le moment.
Tu ne remets pas en question ses propos, le nom de Bellevallée ne t’apportant pas réellement d’information sur les rôles ou intentions de sa famille. Tu acquiesces pourtant et c’est à ton bras que tu la guides tranquillement hors de cette alcôve naturelle au cœur de laquelle vous aviez été placés. Le cri d’une mouette ou de tout autre oiseau intempestif – était-ce seulement humain ? Tu n’en as cure – semble faire s’inquiéter la dame à ton bras et tu la rassures en la tirant naturellement plus près de toi, la couvant un instant de ton regard.
« Ne vous en faites pas, ma Dame. Je ne laisserai rien vous arriver ce soir. »
L’implicite était que tu ne laisserais rien lui arriver en toute autre circonstance. C’est dans le plus grand des calmes que tu l’entraines par-delà les hauts buissons fleuris, suivant le parterre de bougies. Tu notes malgré toi que la lueur de ces dernières donne à sa chevelure andrinople une teinte presque surréelle. Beaucoup d’hommes tomberaient certainement à ses pieds en percevant ce genre de beauté.
« Pourriez-vous m’en dire davantage sur votre famille ? Je ne suis malheureusement pas accoutumé à la cour de Paris… Quel est donc votre rôle ? Celui de votre père ? » Une pause et tu rajoutes, lui jetant un nouveau regard, peut-être marqué d’une touche de curiosité. Ou peut-être n’est-ce que le reflet des lueurs dansant au gré de la brise nocturne. « Aimez-vous votre vie à la cour, ma Dame ? Vous semblez aguerrie de bien des coutumes dont je n’ai connaissance. J’espère ne pas vous offenser par mon humble ignorance. »
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« Elle ne m’a adressé aucun mot que je ne pensais pas moi-même, May. Ne vous tracassez pas ainsi. »
D’un mouvement rassurant il s’apprête à lui offrir son bras, mais les paroles de la jeune femme sont… Dire que l’idée lui déplait serait un euphémisme, et lorsqu’il va pour la contredire, son attention est attirée par… nul autre que le Grand Cardinal de France qui se donne en spectacle. Un léger froncement de sourcils alors qu’il aperçoit également Stanislava et June se détourne de cette paire incongrue, bien plus intéressé par May.
Là, à la lueur des bougies, il n’y a plus vraiment qui que ce soit à proximité pour les interrompre. Ses prunelles d’émeraude portées sur elle et elle seule, il soupire doucement en secouant la tête d’un signe attendri.
« May… Vous n’avez pas compris. »
La main halée se glisse contre le poignet ganté et attire doucement la main gracile à lui, en baisant tendrement les doigts d’un geste lent. Soufflant contre sa peau au travers du tissu les séparant, les yeux fermés, sa dévotion plus que visible.
« Je mesure chaque mot en vous disant que jamais vous ne viendrez à me gêner. Ma tendresse à votre égard est plus que sincère. Je vous prie de croire en ces paroles qui ne débordent que de sincérité. »
Il n’y avait rien d’autre que cela. Ca et son désir de la chérir, de la protéger. Il n’y a pas besoin de plus. Il ne devait pas tout connaître d’être pour vouloir la choyer, et il osait espérer qu’elle comprendrait. Qu’elle ne lutterait pas. Relevant le visage pour croiser ses yeux, il reprend, plus doux, plus calme. Plus intime.
« Il me peine de savoir que vous puissiez ne pas me faire confiance… Mais je vous jure qu’il n’est besoin d’un serment offert par le printemps pour que mon épée et mes pensées soient vôtres, May. »
Lorsque ses mots semblent enfin reçus, June recule d’un pas, s’éloignant d’elle comme la coutume le requiert, mais il ne relâche pas la main frêle au creux de sa paume. Il cherche à nouveau ses yeux et lui sourit, élégant, mais pas plus qu’elle, lorsqu’il murmure, une ligne mutine ourlant la commissure de ses lèvres.
« May Bi Travel… M’accorderiez-vous une danse… ? »
Ils se l’étaient promis. Mais jamais, ô grand jamais, ne lui volerait-il ce qu’elle n’accepterait pas de lui accorder du fond de son cœur.
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Le jeune homme à ses côtés, s’il prétendait de prime abord ne pas être à la hauteur des jeux de la cour et des discussions… Se révélait être particulièrement agréable. Eve ne pouvait que s’en contenter, observant le brun d’un air presque attendri. Ses questions se trouvaient dénuées de toute mauvaise intention, et quelque part… la vampire se trouvait presque satisfaite d’avoir été assignée à un individu sans la moindre prétention, ni la moindre ambition démesurée. Quel agréable changement d’horizon que voilà. Elle n’allait certainement pas s’en plaindre.
« Ah, j’ai déjà eu l’opportunité de rencontrer Baptiste dans ces environs, si. Mais il m’a été rapporté que les saisons nouvelles apportent toute leur nouveauté à ces régions. Peut-être connaissez-vous le Duc van Heil, il ne tarit pas d’éloge pour l’hiver dans les montagnes du domaine de Bayard. »
Et s’il s’agissait d’un presque mensonge, elle n’en ferait pas état. Plus d’une fois s’était-elle rendue auprès de la famille de Bayard, et même au chevet de Baptiste, lorsque celui-ci avait été rapporté comme souffrant de maladie. Mais ces détails n’apporteraient rien d’autre que davantage d’interrogations allant dans son sens… Et à dire vrai, Eve… préférait ces chaînes de montagne du côté de la frontière Suisse… Consciente du chauvinisme dont font naturellement preuve les français, elle n’allait certainement pas évoquer ce genre de détails, au risque de solliciter un sujet épineux auquel elle ne tenait pas à être confrontée.
Pour ce qui est du reste, c’est d’un soupir à fendre l’âme qu’Eve laisse ses épaules s’affaisser à la mention du moineau. Le théâtral de sa réaction n’échappera certainement pas à Emilien et elle lui décoche un petit sourire ennuyé.
« J’avoue que j’étais plus inquiété par les trois dames qui se sont décidées à suivre ma compagnie que par les oiseaux… Je présume que cela en dit long sur moi également. »
En attendant, Emilien semblait satisfait de la promenade… Et si Eve voulut confirmer ses dires, c’est plutôt à sa proposition qu’elle finit par répondre, l’air pincé.
« Ah, je suis sincèrement navré. Je ne sais pas quelle bête m’a piqué. »
Sans surprise, elle ne s’offense pas de la remarque d’une criante évidence et pourrait exprimer son soulagement lorsqu’au bout de l’allée, en bordure de jardin, un banc en pierre se révèle à la lueur des bougies. Enjoignant Emilien à la suivre, c’est pourtant sans grande démonstration de dramatisme qu’elle finit enfin par s’asseoir, courbant malgré tout le dos pour appuyer ses coudes contre ses genoux, et enfouir un instant son visage au creux de ses mains. Le manque de sommeil et l’anxiété commençaient à sérieusement la rattraper. Il serait sûrement temps qu’elle se décide à faire face à ses problèmes les plus pressants…
En attendant, elle relève les yeux vers le jeune homme avec un air peiné, repoussant ses boucles blondes par-dessus son épaule avant de poser sa main sur la pierre près d’elle.
« Venez vous asseoir également. Il n’est pas question d’interrompre la soirée prématurément pour autant. »
May aurait pu jurer que son cœur avait transpercé sa poitrine et qu’il était parti en courant pour se calfeutrer quelque part entre deux branches des haies alentours. Sa respiration était rendue difficile par le corset que Branwen avait insisté pour lui faire enfiler, mais c’était surtout la douceur et la gentillesse de June – comme d’habitude – qui la faisait se sentir toute chose.
Jamais encore quelqu’un n’avait été aussi tendre avec elle. Même avec ses précédents liens, si May y avait trouvé de l’affection, ce n’avait jamais été à ce point-là. Alors, lorsqu’il embrassa ses doigts à travers le gant blanc, la jeune femme su que l’impression de chaleur qui se diffusait dans sa paume n’était que l’œuvre de sa simple imagination. Pourtant, cela ne l’empêcha pas d’apprécier. Bien au contraire.
Le tambour à ses temps s’estompa un peu lorsqu’il lui demanda une danse. May attrapa deux pans de sa robe et les souleva très légèrement tout en s’inclinant quelque peu – grimaçant, toujours, à cause de ce maudit corset. « J’en serais ravie, Monsieur le Duc. »
Elle se redressa alors, le sourire aux lèvres, prête à danser avec ce jeune homme qui n’avait pas son pareil.
Ohlalala, on lui demandait des choses sur sa famille et même si elle ! C’était une bonne soirée qui se profilait à l’horizon, Françoise en était maintenant convaincue. Elle adorait que l’on parle d’elle, qu’on lui accorde de l’importance, ainsi. Toute heureuse, elle gloussa alors tout en commençant son petit numéro de « charme » - comprendre par là le baratin qu’elle avait l’habitude d’énumérer lorsqu’elle voulait devenir centre d’intérêt à la cour, surtout.
« Ma famille est une illustre lignée qui a ses assisses à la Cour de France depuis des générations, maintenant ! Mon ancêtre a aidé un Roi de France a repoussé les premières incursions barbares, après tout, nous sommes bien connus dans les livres d’histoires ! » Etait-ce seulement vrai ? Elle n’avait jamais vérifié par elle-même, seul importait son flot de parole. « Mon père est Marquis et depuis que je suis arrivée, l’année dernière, j’ai officiellement prit ce titre également, afin de représenter mon père et de lui faire honneur ! »
Sourire aux lèvres, elle marchait, ses talons claquant sur les pavés. Les voici maintenant sortis de la petite enceinte faussement clôturée par les haies pour poursuivre cette petite séance d’égocentrisme. Enfin, c’est ce qu’elle aurait aimé faire mais ses yeux captèrent une silhouette qui, dans l’obscurité, la fit douter. « Vous là-bas ! »
Etait-ce bien qui elle pensait ? Son cœur avait-il raison d’espérer ?
@Scar + mention de @Emilien Blanchard
A la réaction du Marquis, Sébastien ne put s’empêcher de laisser un rire franc lui échapper. « Ahah, non, pardon. Je suis désolé, en réalité je m’en fiche bien comme de ma première chemise, de ce genre de chose. »
Il se passa une main sur la nuque, comme pour essayer de dissiper l’apparent malentendu qui venait d’éclore. « Je pensais simplement que dans ce genre de soirées, c’était l’un des sujets de conversations les plus prisé. J’ai présumé de choses dont je ne savais rien, je m’en excuse. »
Continuant de rire, plus légèrement cette fois, Sébastien referma ses bras sur son torse musculeux et, comme pour faire amende honorable, prit le contre-pied de sa propre question. « Pour ma part, je n’ai aucun intérêt dans le mariage. Autant se passer la corde au cou soi-même ! » Il renifle, comme fier de sa propre ânerie. « Ou plutôt, je ne pense pas qu’une femme commune me convienne. »
Il est certain que depuis qu’il avait fait la connaissance de Stanislava, eh bien, sa vision des choses avait évolué sur plusieurs points.
@gabriel de sercey
▬ SOEUR MERILL ! Dans son empressement, il avait (enfin) lâché sa partenaire pour mettre ses deux mains devant sa bouche et appeler la rousse qui ne l'avait pas remarqué. C'était pourtant le seul huluberlu à s'agiter de la sorte au milieu des jardins.
D'ailleurs quand il réalisa qu'on le regardait curieusement, le prêtre rougit et baissa la tête, accélérant le pas pour rejoindre la demoiselle, oubliant de se préoccuper de celle qu'il était pourtant censé protéger. De toutes façons la garde du corps venait de se trouver une autre cible.
▬ Que faîtes-vous donc toute seule ma fille ? S'empressa-t-il de bredouiller à Merill aussitôt qu'il l'eut rejoint, le souffle un peu coupé parce qu'il venait de trottiner pour la rattraper. Puis il se souvint brusquement de sa coéquipière et se retourna pour scruter les environs en bougonnant : Par tous les saints, où ai-je égaré Mademoiselle Braginsky ? Comme s'il s'agissait d'un objet qu'il venait d'oublier sur un banc.
Il n'était décidément pas au top de sa forme ce soir notre petit père.
@Stanislava Braginsky @Merill
▬ Des religieux ? L'Église est parfois bien généreuse. La même qui ordonne le pillage et la mort des siens au nom d'un Dieu qu'ils sont pourtant censés partager. Bénis qu'ils soient. Vous avez l'air d'avoir un passif incongru. Avez-vous parcouru d'autres terres que la France et le St Empire ? S'il est marchant, Hélène est déjà presque prête à lui proposer de parlementer avec un oncle ou un frère. On a jamais assez de contacts dans le milieu.
Mais la discussion devient soudainement quelque peu lourde lorsqu'elle apprend que ce jeune homme a été dépossédé de sa soeur. Hélène baisse les yeux par respect et adoucit le ton de sa voix pour prononcer :
▬ Mes condoléances. J'ai cru entendre que perdre un être jumeau c'est comme perdre un fragment de soi-même. Elle pense à ses enfants morts petits. Elle ne les a jamais vus grandir, devenir des êtres à part et ils n'ont jamais pris soin d'elle comme une adelphe pendant des années. Non c'est forcément différent. Quant au reste de sa famille, Hélène est tristement accoutumée à l'idée de les perdre un jour. C'est déjà presque le cas maintenant qu'elle est seule en France. Je suis sûre qu'elle est dans un meilleur endroit.
Puis elle a un maigre sourire lorsqu'il s'agit de reparler d'elle-même :
▬ Je suis née à Constantinople et j'ai vécu une partie de ma vie à Tunis. Dont elle en était la femme du gouverneur avant... avant hé bien que tout ne bascule en sa défaveur.
Pour l'instant.
Tout va bien, s’apprête-t-il à murmurer, avant que ses yeux n’observent les environs, constatant la simple et pure disparition de la jeune femme. La morte s’en est allée. L’Ouroboros s’apaise. Entouré d’humains, la Voix a moins tendance à se manifester. Soulagé, Aimable sent ses épaules se relâcher, son souffle se ralentit alors que ses yeux reviennent détailler l’inconnu… Jusqu’à ce qu’il se présente.
O grand Dieu.
Pourquoi faut-il que la personne qu’il bouscule ce soir… Soit un Prince. Imperturbable, Aimable ne laisse rien paraître – quoi que, si. Un lent battement de paupières. Consterné. Il adresse un regard de reproche à l’Ouroboros, du coin des yeux. En réponse, la Voix se contente d’un rictus carnassier qu’il s’efforce d’ignorer. Il devrait se confondre en excuses, mais n’en fait pas plus. Il s’est bien assez couvert de ridicules et se doit d’assumer son erreur. Ses bras se croisent dans son dos, alors qu’il incline la tête avec une certaine raideur – la résistance familière de sa nuque, qui tire jusqu’à ses épaules.
Ses yeux glissent jusqu’à Béatrice. Son nom… Il l’a enfin. Il est vrai qu’elle ne s’est jamais présentée à lui et qu’il a toujours veillé à respecter son désir de se dissimuler.
_ Oh. Une chaise. Ah. Oui. Bien entendu.
Décontenancé, Aimable rougit discrètement de malaise et préfère toussoter dans son poing.
_ Et c’est un grand honneur, Prince, de vous rencontrer. Je puis vous assurer, du plus profond de mon âme, que j’aurais souhaité vous saluer avec le respect que vous méritez…
Et non pas en le percutant. Il pourrait accuser l’obscurité, maugréer contre les douleurs de ses jambes, mais Aimable ne cherche plus à se justifier. Il a la désagréable sensation d’avoir les deux pieds embourbés et lui qui avait repris en assurance, se sent à présent déconfit face au rang du jeune homme. La mention d’un garde du corps l’invite à lever un sourcil et, instinctivement, il observe avec méfiance autour d’eux.
_ Peut-être s’est-il simplement rendu compte de ma maladresse. Je suis vraiment confus quant à la tournure de ces évènements. Avez-vous été convié par notre Reine ? Nous sommes loin de vos terres.
Il essaye, tant bien que mal, de lancer la discussion. Ce n’est pas son fort ; d’ailleurs, l’écuyer qu’il est adresse un regard inquiet vers Béatrice. A ses yeux, elle est un vétéran sur ce champ de bataille. Son éloquence armée d’humour fait d’elle une combattante redoutable. Il n’a pas sa spontanéité, ni son aisance et il reste à ses côtés, pour profiter de sa guidance. S’assoir ? Il n’y arrive toujours pas. Ses articulations sont plus raides que du bois.
@Aydos Habsbourg
C’est alors qu’elle s’apprêtait à perdre espoir et rebrousser chemin jusqu’à sa modeste chambre que Merill capta enfin une voix proche, hélant son nom. Quelle surprise se fut de voir le père Constantin essayer d’attirer son attention ! Oh, déjà ses joues étaient rouges et elle sentait son cœur battre à tout rompre dans sa cage thoracique.
Toute contente, cependant, elle s’approcha du concerné et, cherchant la dénommée Braginsky – était-ce une noble d’un pays froid ? – mais ne la trouvant pas, se plia en une ravissante révérence.« Saint-Père, bien le bonsoir. » Son sourire, éclatant et sincère, échauffe son propre cœur. Oublié, cet affreux Caelestis sans aucune galanterie.
Ou peut-être pas puisque déjà, on lui demande la raison de sa solitude. Voilà une occasion parfaite de se venger ! « Oh eh bien voyez-vous, j’étais normalement censée être avec Caelestis, le jeune homme blond que vous avez rencontré à Evreux, vous vous souvenez ? » Elle marque une pause, reprend en gonflant les joues et serrant les poings contre ses hanches.« Il est parti en ronde d’inspection sous prétexte que nous travaillons déjà ensemble et que, de ce fait, il me protégait déjà ! C’est une honte, non ?! » Elle espérait qu’au moins Constantin lui apporte un peu de soutien.
@Constantin de St Hilaire
De par ses sens de vampire, Inesis percevait les choses bien plus nettement qu’auparavant, même lorsqu’il officiait pour l’église et que, de fait, il avait reçu un entrainement particulier. Ainsi, le tressautement du derme de sa dame du soir ne lui échappa guère. Au moins, cela prouvait qu’elle n’était pas une créature mais bel et bien une humaine. Ou alors elle était divinement douée pour jouer et user de comédie. Pourtant, Inesis préféra s’avancer vers la première option, plus rassurante à son goût.
Il s’arrêta de marcher un instant. Puis, il retira sa veste et la tendit à Hélène. « Tenez, Madame. Je me doute que vous avez l’habitude de bien plus belle facture mais je m’en voudrais de vous laisser avoir froid. » Pour lui, le froid était une notion qu’il avait un peu oublié à force d’années à être un vampire.
Il reprit ensuite la conversation comme si de rien n’était. Il n’y avait pas lieu de s’y morfondre, après tout. « Merci pour votre intention, Madame, mais je vais bien à présent. Yula n’aurait pas aimé que je cède trop longtemps à la tristesse. Nous avons beaucoup voyagé grâce à l’Eglise et elle tirait une satisfaction toute particulière à chaque fois que nous pouvions aider quelqu’un. C’est donc ce que je m’efforce de faire encore aujourd’hui. C’est ma manière à moi d’honorer sa mémoire. »
@Hélène de Constantinople
L’occasion était trop belle. Désormais libre de l’emprise du Grand Cardinal, et pendant que ce dernier semblait s’époumoner pour appeler quelqu’un, Stanislava en profita pour s’éclipser. Enfin ! Maintenant que son binôme avait toute son attention dirigée vers cette sœur Merill, la rousse se glissa dans l’ombre pour éviter qu’il ne la retrouve. Elle grimaça légèrement en croyant l’entendre la chercher. Elle avait prit connaissance avec son protecteur pour l’année, elle pouvait faire ce qu’elle voulait désormais, non ?
La vampire réajusta brièvement son uniforme, lissa les plis, resserra sa ceinture et remit en place une mèche rousse avant de se diriger vers ce qu’elle croyait être l’endroit où se trouvait Victoire. Pour l’instant, elle n’avait pas entendu un seul aboiement de la soirée. C’est que rien de fâcheux ne s’était passé jusque là. Alors pourquoi tant d’empressement ? Depuis les récents évènements, la vampire se sentait nerveuse à l’idée de ne pas être au côté de la Reine. Et sa nervosité pouvait se transformer rapidement en agacement et dans ses moments-là, il ne fallait pas être dans le coin. Elle espérait sincèrement que personne ne vienne la déranger sur son chemin.
[libre à vous de venir m'embêter ]