Something new
June n’est certainement pas en eaux troubles à ainsi mener la conversation. Il ne s’offense de rien, certainement pas de la maladresse sociale de la demoiselle. Elle n’avait fait aucun faux pas, ni commis la moindre faute à leur étiquette. Non, il n’avait que le loisir de profiter de la compagnie d’une demoiselle aussi douce qu’elle ne semblait à peine bourgeonner à cette vie de noblesse. Pourtant c’est un détail qui retient son attention. Le regard du suédois s’éclaire alors qu’il ne peut retenir un rire amusé.
« Ainsi vous connaissez ce cher Philippe. Je ne suis en aucun cas surpris qu’il ait pris intérêt en votre cause. Peintre, avez-vous dit ? Cet homme est un philanthrope, je ne peux qu’apprécier le fait que votre protection soit assurée par l’un de mes plus vieux compagnons. » Puis avec un clin d’œil. « Ne vous inquiétez pas, Dahlia. Quand bien même vous seriez un fardeau, il serait toujours à mon plaisir de vous avoir à mes côtés. Alors pensez-vous, en étant si charmante compagnie. Rien ne pourrait davantage m’honorer que votre compagnie. »
Mais il ne faut pas trop insister, de peur de la gêner. C’est d’un simple hochement de tête que le soldat entend ses justifications et se dresse le dos droit en lui offrant son bras… Enfin, s’apprêtant à le faire, puisque c’est d’un cri aigu qu’elle le surprend. Au vu de la grimace sur son visage, il réalise qu’elle semble avoir… subi une certaine inconvenance. Lorsqu’elle se frotte les yeux, prunelles humides, c’est avec un geste délicat qu’il vient prendre sa joue en coupe et murmure.
« Ne frottez pas, vous risquez d’irriter vos yeux, ma Dame… Si vous me permettez… »
Il ne réalise même pas avoir repris la politesse formelle. De sa main libre, il tire son mouchoir de la poche intérieure de sa veste et vient doucement tamponner la ligne de ses cils pour effacer ses larmes.
« Ne vous excusez en aucun cas, Dahlia. Les bougies attirent bien des insectes en cette nuit… Je regrette d’avoir déjà ainsi failli à mon devoir de vous protéger… Saurez-vous pardonner votre humble protecteur ? »
Un sourire en coin aux lèvres, eux deux sont désormais plus proches, assez pour que la demoiselle doive lever le nez pour que vert d’été croque la prairie de printemps. Il veut la rassurer. Réalise avec un temps de retard que le papillon s’est accroché à une mèche de ses cheveux blonds et son expression de radoucit. Relâchant doucement sa joue, il vient récupérer l’insecte du bout de l’index, calme et patient avant de l’amener entre eux deux, dans un mouvement lent.
« Ah, voilà donc le traitre qui ose ainsi railler mes compétences de protecteur de ces dames… »
Un rire et la candeur de son regard est délicate. Autant que l’air mutin qui se peint sur son visage alors qu’il lui intime sur le ton de la plaisanterie.
« Quel châtiment devrait-on lui infliger ? »
@Dahlia di Croissanti
La démarche du prêtre se fit un peu moins raide, son corps se relâchait petit à petit alors qu'il se prenait au jeu avec sa partenaire du soir. Mais il n'oubliait pas la menace invisible et omniprésente au-dessus de sa tête.
▬ Taquin moi ? Jamais ! À peine un tantinet farceur, je le jure sur tous les saints !
Ils marchèrent dans l'allée, passant devant le carré où se tenaient le Comte de Harcourt et un inconnu. Constantin ne les remarqua même pas, concentré sur la rousse et occupé à sonder les alentours à la recherche d'une première cible.
Un peu plus loin, un jeune couple se faisait les yeux doux, l'homme allant même jusqu'à toucher le visage de sa compagne.
▬ Par la Vierge ! Une caresse de la joue en public devant un représentant de Dieu ! Sacrilège ! Ramenons-les sur le droit chemin ! Chuchota l'évêque à la garde du corps avant de la tirer en direction de leurs victimes. Honneur aux dames ! Ajouta-t-il à voix basse à Stanislava, attendant de voir si elle savait manier l'humour aussi bien que l'épée.
Krrssscchhhttt ici l'unité sainte krrrsssschtttt opération sabordage enclenchée krrrsssschtttt j'avance les troupes vers la cible.
La chanson du printemps
- Sara, répéta-t-il avec un sourire tandis qu’il s’inclinait en une salutation d’usage.
Non, aucune raison de se départir de son sourire, même lorsque la demoiselle jugea bon de se rabaisser par rapport aux autres demoiselles de naissance plus « noble » qu’il savait être présentes ce soir.
- Allons, votre compagnie n’est pas moins agréable ni moins distinguée que les autres. Vous n’avez nulle raison de vous excuser, il se pencha légèrement vers elle, chuchotant comme pour les protéger de potentielles oreilles indiscrètes, actuellement, je me considère même plutôt chanceux.
Son sourire toujours présent sur ses lèvres s’agrandit un peu plus tandis qu’il se redressait. C’était vrai, après tout, il aurait probablement l’occasion d’avoir des sujets de discussion différents.
- Désirez-vous vous balader un peu?
Gentleman, il lui proposa son bras dans le cas où elle désirerait, effectivement, découvrir les jardins un peu plus que l’endroit qu’on leur avait alloué pour quelques heures.
- Je suis votre obligé pour ce soir et l’année à venir, souffla-t-il alors que Sara se rapprochait de lui. Puis-je demander à ma Dame d’où elle vient et ce qu’elle aime faire de ses journées?
Après tout, il ne comptait pas vraiment oublier la jeune femme une fois cette soirée terminée. Quand on participait à ce genre d’événement, c’était pour jouer le jeu jusqu’au bout et avec un peu de chance, peut-être compterait-il d’ici quelque temps une nouvelle amie.
- Pardonnez ma curiosité mais j’aimerai beaucoup apprendre à vous connaître
@Sara Van Helzen
Atteignant la terrasse, il se dirigea vers un endroit où il n’y avait personne. Et il s’assit par terre en tailleur contre la rambarde. Tout seul. Emmitouflé comme si on était en plein hiver. Il posa son visage contre les barreaux en pierre taillée. Cela lui rappelait des souvenirs et il gratta l’un de ses avant-bras par réflexe. La peau boursouflée et violette ne manquerait pas de s’arracher s’il était véritablement atteint de maladie ou brûlé. Hors ce n’était pas le cas, il n’offrirait pas un tel spectacle. Il se contentait de calmer cette démangeaison purement psychologique.
— Un peu des deux.
Elle pourrait mentir quant à l’identité de ses ennemis, cela dit. Mais cela perdrait de son intérêt. Inventer de faux ennemis juste pour un stupide jeu serait une perte de temps. La proposition de son interlocuteur fut la bienvenue.
— C’est une excellente idée !
Cependant dans ce jardin sans aucune distraction, ça s’avérait difficile. Ils allaient devoir se rabattre sur une série de questions-réponses. Pourquoi pas après tout. Hermance avait déjà toutes les réponses à ce que cet homme pourrait lui demander. Elle avait l’habitude de les servir à tout le monde.
— Je commence donc. Quel âge avez-vous ? Et êtes-vous marié ?
Il ne fallait y voir que de la curiosité. Jamais la baronne ne jetterait son dévolu sur un homme de basse extraction, bien qu’il y avait pire individu qu’Emmery.
Si Béatrice pensait qu’il pourrait difficilement supplanter l’étrangeté de ce moment où il leur avait annoncé, à elle et au cocher, qu’il devait rentrer à Paris, force était de constater que si, c’était bien possible, et à quelle vitesse. Elle resta derrière lui une, deux, trois secondes, figée de surprise, avant qu’elle ne sursaute et se décide à le poursuivre en voyant la catastrophe arriver de toute évidence bien avant lui.
— Aimable !
Bam.
Le son d’un parfait inconnu qui valse dans le décor.
— Oh Seigneur Dieu.
La scène aurait pu la faire sourire, si seulement elle n’était pas aussi directement concernée par celle-ci. Craignant l’explosion plus ou moins légitime de la victime de ce carambolage, elle finit par s’approcher à petites foulées énergiques, les joues rouges d’embarras et les yeux sincèrement désolés quand bien même elle n’y était, pour une fois, pour rien.
Il n’y eut nulle colère, seulement trois pauvres mots pour les rassurer tous les trois qui fixaient ce garçon (plutôt joli d’ailleurs)(oh mais était-ce vraiment le meilleur moment pour penser à ça...) l’air inquiet. N’osant pas laisser revenir le silence de peur que le malaise ne les achève, Béatrice s’avança et dit la première chose qui lui passa par la tête.
— Vous êtes sûr, Monsieur ? C'était une... Sacrée collision.
Elle avait, elle aussi, la main sur le cœur comme si cela suffirait à apaiser celui-ci. Elle comprit vite que cette panique ne lui appartenait pas qu’à elle, et que ce jeune homme ne se sentait pas au mieux, pour une raison qui dépassait cette simple bousculade.
— Dites donc, Chevalier. Je vous ennuie à ce point, pour que vous vous sentez obligé de faire du rentre-dedans à un autre ?
Elle conjura un sourire, posa sa main gantée contre son avant-bras en signe d’apaisement, avant de la retirer aussitôt. Du peu qu’elle le connaissait, il risquait, malheur, de la prendre au sérieux là où elle ne cherchait qu’à détendre l’atmosphère, si elle n'avait pas ce geste.
— Peut-être devrions nous nous asseoir, ajouta-t-elle avec un sourire penaud, mais un regard si appuyé à l’encontre de son compagnon qu’il était clair que ce n’était pas une suggestion.
Lorsqu'elle arrive à sa hauteur, l'ottomane la salue d'un signe de la tête et d'un sourire, en profitant au passage pour détailler rapidement l'homme qui l'accompagne. Inconnu au bataillon. Tant pis, elle aura l'occasion de demander à la noble qui est cet inconnu plus tard.
▬ Ooooh vraiment ? L'aveu de son interlocuteur pique sa curiosité. Le dénommé Inesis a désormais toute son attention. Et comment échoue-t-on d'une étable du St Empire aux plus beaux jardins du royaume de France ? Hélène aime les histoires et ne manque jamais l'occasion d'en ajouter une à sa collection. Votre soeur est-elle avec vous ? Je ne peux que trop bien compatir ce que cela fait de vivre éloigné de sa terre natale.
Convertie ou non, la France n'est pas son Royaume et ne le sera sans doute jamais.
Dahlia concéda à suivre le conseil et cessa de se frotter les yeux, légèrement frustrée de ne pas trouvé son mouchoir. Qu'en avait elle fait ? L'avait elle oublié quelque part ? Une question bien futile qui fut si tôt oublié lorsqu'elle se rendit compte de la proximité entre elle et June. Au diable le mouchoir, ils étaient proches, trop proches ! Si proches qu'elle pouvait voir, malgré la pénombre, les longs cils du Duc, le vert de ses yeux, chaque détail de sa peau.
A le contempler ainsi, son visage si près, son visage s'était a nouveau empourpré. Et devint même cramoisi lorsqu'elle sentit enfin sa main sur sa joue, et ne fit pas attention au papillon qui se débattait dans ses mèches blondes. Et un tel contact... Dahlia n'était absolument pas habituée. C'était même la première fois !
Face à une telle proximité, l'italienne ne trouva qu'une seule chose à faire.
-Euh.. Je... Je...
Balbutier et reculer. Reculer jusqu'à ce qu'elle heurte quelqu'un. Lorsqu'elle se retourna pour s'excuser et se rendit compte de qui il s'agissait, elle passa du cramoisi au teint livide, les mots moururent dans sa gorge...
Et elle perdit connaissance.
Reprenant sa marche avec May à son bras, il pencha la tête sur le côté, pensif. Le choix des couleurs comme le choix du tissu était des plus importants, selon lui.
-Parfois, oui. Les couleurs d'un vêtement peuvent donner une toute autre image à celui ou celle qui les portent. Par exemple... J'ai souvenir que Charles de France, grand père de notre chère Reine, portait toujours du rouge. De cela, j'ai toujours gardé une image de lui comme un homme puissant.
Malgré les affres du temps, Charles de France avait gardé de sa prestance. Du moins, à ses yeux.
Un nouveau sourire fleurit sur ses lèvres sur ses souvenirs romantiques dans les jardins.
-J'en ai bien un...
Il se pencha légèrement vers elle, comme pour lui confier un secret, et pointa discrètement du doigt le duc Van Heil en compagnie d'une charmante demoiselle.
-Par là par exemple... C'est l'exact endroit même où j'ai demandé la main de ma regrettée épouse il y a près de 15 ans maintenant.
Il la guida un peu plus vers la où se tenaient June et Dahlia. Cette dernière visiblement incommandaient par quelque chose. Ils étaient proches. Si bien que la jeune demoiselle s'était reculée et avait heurté le Duc. Charles haussa un sourcil face à son teint livide, et eut suffisamment assez de réflexe pour récupérer ma demoiselle avant qu'elle ne heurte le sol.
-Eh bien... Je ne sais pas ce que vous lui avait dit, Duc Van Heil mais vous l'avez visiblement beaucoup touché.
Il réajusta la demoiselle dans ses bras.
-Puis-je vous demander de tenir compagnie à Mademoiselle Travel, Duc Van Heil? Le temps que je l'amène dans une chambre pour qu'elle se repose et reprendre ses esprits au calme.
Il tenta une légère révérence pour May, s'excusa une dernière fois avant de quitter les jardins. Non sans un sourire amusé sur ses lèvres.
Stanislava être dans les bonnes grâces d'un homme d'église ! Quelle ironie ! La dernière fois qu'elle avait été en compagnie d'une homme "d'église" ce dernier lui avait laissé une belle marque dans le dos. La rousse le lui avait bien évidemment rendu. Qui était encore debout dans les jardins, après tout ?
Arpentant les jardins avec Constantin à son bras, la garde du corps crut reconnaître la chevelure caractéristique d'or d'Eve, en compagnie d'un jeune homme. Mais sans plus... Son compagnon était visiblement plus attiré par un autre duo plus loin. Stanislava pinça les lèvres en reconnaissant June en compagnie d'une jeune italienne, puis haussa un sourcil en reconnaissant May non loin... Elle ne put s'empêcher de rouler des yeux aux commentaires du prêtre. S'offusquer pour si peu... Vraiment ? Elle dut se mordre la lèvre pour ne pas dire un mot de travers.
-Je... Je ne vais pas vous mentir, mon Père, je ne suis pas en très bon terme avec le Duc...
Elle avait parlé plus bas pour ne pas qu'on l'entende, comme si elle avouait un secret. Et pourtant, ce n'était pas si terrible que ça. Les nobles qui ne l'appréciaient pas, il y en avait à la pelle, il suffisait de se pencher pour en ramasser. Que June en passe partie, elle s'en fichait pas mal. Et aggraver son cas ne semblait pas la déranger outre mesure. Elle s'apprêtait à faire un pas vers eux mais se ravisa en voyant une scène à laquelle elle ne s'y attendait pas.
L'italienne s'était soudainement éloignée de June, avait heurté, sans réelle brusquerie, le Duc d'Orléans... Et avait défailli. Heureusement pour elle que le Duc fut vif et la rattrapa à temps. Et voilà qu'il s'éloignait de June et May, la demoiselle dans les bras. Oh non. L'opportunité était trop belle ! Mais intervenir maintenant était bien trop prématurée.
-Attendez, mon Père...
Avant que June ne les remarque, elle attira son binôme avec elle derrière des haies, sorte qu'ils puissent observer le nouveau "couple", un sourire amusé sur les lèvres.
-Je ne m'entends pas très bien avec le Duc Van Heil mais je sais que ces jeunes gens sont en très bon termes... Voyez par vous même...
Et Stanislava observa. S'amusait bien trop qu'elle en avait presque oublié son objectif principal : rejoindre la Reine au plus vite.
– Ne vous excusez pas pour ça. Je ne savais pas à quoi m’attendre, alors que vous soyez un homme ou une femme ne change pas grand-chose pour moi actuellement.
En réalité, peu lui importait le sexe de la personne en face de lui, même s’il doutait réellement d’être en mesure d’offrir réellement protection à qui que ce soit, il était tout à fait prêt à jouer ce rôle dans la mesure de ses capacités. Son sourire toujours affiché, Emilien croisa le regard de l’homme en face de lui, juste avant que celui-ci ne s’incline et ne se présente, son sourire sembla alors se faner en même temps qu’une expression un peu perdue prenait sa place. Juste un instant, avant que l’Infant ne se reprenne et secoue la tête sans en avoir conscience et laisse échapper une espèce de rire, mélange d’un certain amusement à la découverte du rang occupé par l’homme en face de lui et d’un certain malaise à cause de cette même position.
– Emilien Blanchard, simple fauconnier, actuellement au service d’Ulrich de Bayard. Tout l’honneur est pour moi monsieur.
Maladroit et un peu – beaucoup – intimidé, Emilien s’inclina à son tour face au Comte d’Harcourt. Il hésite un instant avant de reprendre la parole.
– Maréchal des armées, ça signifie que vous êtes le « chef » des armées n’est-ce pas ?
Pour la seconde fois en peu de temps, Emilien songea qu’il pourrait être judicieux pour lui de s’intéresser un minimum aux différents rangs et titres qu’il pouvait croiser.
La noble dame trancha pour lui, prenant les devants en lui proposant -apparemment- un jeu de question-réponse. Bon, il ne pouvait décemment pas refuser en l'état actuel des choses. Il n'aurait qu'à mentir, aussi peu doué là-dedans était-il parfois. Son âge. Question classique. Il avait l'habitude de le cacher ça ne poserait pas de soucis.
"Bien que j'ai parfois l'impression que ça fasse des siècles, je ne suis âgé que de 26 ans." se plut-il à dire en souriant davantage d'un air malicieux.
Il jouait peut-être avec le feu mais c'était trop tentant. Que voulez-vous, c'était dans sa nature que de jouer sans cesse avec le feu. Et bien qu'il s'y soit brulé plusieurs fois, ça ne l'avait pour autant pas fait perdre ses mauvaises habitudes.
Le regard d'Emmery s'assombrit pourtant tendis qu'il répondait à la seconde question.
"Je ne suis que fiancé."
Il aurait volontiers put déballer son sac, accusant le sort, ou une mère de remplacement, d'avoir tenté de le tuer et de lui avoir pris le seul amour de sa vie. Mais partir dans le mélodrame ruinerait une si belle soirée et amènerait probablement d'autres questions plus gênantes. Aussi se contenta-t-il de reprendre la main sur le jeu.
"Qu'en est-il de vous ma Dame, avez-vous un mari pour partager vos joies et des enfants pour vous faire enrager parfois ?"
Et puisqu'elle avait posé deux questions, il ferait de même. Ses yeux pétillèrent de nouveau en imaginant la baronne courir, un pan de robe à la main, vers un jeune garçon pour l'enguirlander. Mais l'image s'estompa d'elle-même devant le peu de réalisme de celle-ci. Il ne parvenait pas totalement à l'imaginer dans le rôle de mère aimante... Mais allez savoir. Quoi qu'il en soit, il reprit la parole.
"Quelles sont vos activités préférées ?" finit-il par demander. Il était effectivement curieux de savoir à quoi pouvait-elle occuper ses journées. Après tout, ça donnait souvent de bonnes indications quant au caractère réel d'une personne, et sa trempe.
Cependant, il ne se faisait guère d'illusion. Elle restait de la haute noblesse et à ce titre, entrerait sans doute dans le moule habituel de cette caste très fermée.
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« Dahlia attent- »
Déjà trop tard. Et si le heurt n’est pas particulièrement brusque, c’est une poupée de chiffon que le Duc d’Orléans rattrape entre ses bras. Le visage pâle, June se redresse et s’empresse aux côtés de la demoiselle et du duc, remarquant sans peine May au bras de Charles mais-
« Monsieur le Duc je- Excusez-moi, elle venait d’être incommodée par un insecte et… »
Bon sang, comment s’était-il retrouvé dans cette situation ? June ne peut s’empêcher de rougir aux implications de l’autre homme et se retient de peu de balbutier, mal à l’aise. Il n’avait pourtant rien dit de ce genre. Ni même fait la moindre chose pour laisser la jeune femme ainsi indisposée. Pourtant l’autre duc prend d’ores et déjà les choses en main et le jeune suédois hoche simplement la tête, embêté. Mais n’insistant pas. Il n’allait pas faire une scène ici et maintenant.
C’est désolé qu’il tourne enfin son regard vers May et lui décoche un sourire un peu maladroit.
« Bonsoir May… Vous êtes ravissante ce soir… »
Il n’allait pas revenir sur les événements juste déroulés, elle devait certainement se sentir aussi perdue que lui. June détourne les yeux et observe les jardins autour d’eux. Il y a bien moins de monde, d’un coup… Plutôt que de lui offrir son bras, June effectue une révérence digne de ce nom et baise la main de son amie, murmurant contre ses doigts alors qu’il se recule juste assez pour croiser son regard.
« Il n’est certainement pas juste de ma part de vous subtiliser à votre partenaire… Mais… Vos paroles m’ont été rapportées par Dame Braginsky… » Une pause et il se redresse humblement, un sourire plus tendre sur son visage. « Il me tardait également de vous revoir… »
@"May "Abeille" Travel" @Stanislava Braginsky et @Constantin de St Hilaire
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La différence ne s’affiche que dans un léger froissement de sourcils. La fatigue des jours passés commençait lentement mais sûrement à lui jouer des tours. La gorge légèrement nouée, Eve se reproche d’avoir probablement effectué un mouvement trop hâtif lors de sa révérence. Antoine lui soufflerait sans nul doute que l’acharnement qu’elle s’infligeait la mènerait à sa perte. Qu’elle devrait prendre davantage soin d’elle. Mais elle n’en a pas le luxe. Une inspiration et la voilà déjà redressée, observant d’un regard curieux le jeune homme face à elle.
Un nom associé à un visage qui ne lui disait rien. Elle ne pouvait y voir qu’une agréable nouvelle. Pourtant, les détails apportent un sourire à ses lèvres et elle reconnait doucement.
« Enchanté, Monsieur Blanchard. Il m’est agréable de savoir que vous êtes au service de la famille de Bayard. Peut-être avez-vous également connu Baptiste. Un précieux ami. Que le Seigneur garde son âme. »
Eve, prudente, repousse doucement ses cheveux blonds derrière son oreille et opine du chef. Elle n’est pas hautaine quant à son rang. N’y gagnerait rien. Effleurant les blasons à sa veste elle rajoute, le ton calme, consciente qu’aucune touche d’autorité n’était nécessaire ici.
« C’est exact… Chef des armées de France. J’espère que la charge qui vous incombe ne vous effraie pas, à ce titre. »
D’un mouvement légèrement détourné, la vampire prolonge le contact contre ses grades jusqu’à son sternum, un léger sens de malaise persistant contre ses sens. Elle inspire doucement et l’odeur des fleurs alentours réveille un certain mal être chez elle. L’odeur trop intense. Presque entêtante… D’une façon des plus désagréables. Eve force un sourire malgré tout.
« Ne vous en faites pas, je n’attends cependant pas que vous veniez à me protéger en toutes circonstances. Je suis au regret de croire que mes fonctions vous exposeraient à bien des dangers… Même s’il est à ma connaissance que la fauconnerie n’est en soi pas non plus dénuée du moindre risque. »
Revenir à lui. Ne pas se focaliser sur soi. Une expiration contrôlée. Respirer par la bouche semblait être le meilleur choix. Pour une fois, elle ne regrettait pas sa complexion naturellement pâle…
@Emilien Blanchard
Plutôt chanceux de se retrouver en ma compagnie plutôt qu'en celle de nobles dames hein ? Monsieur tente de me mettre à l'aise, à ce que je vois, et rien dans son attitude ne laisse suggérer un mensonge, au contraire. Sa sincérité arrive à m'apaiser un peu, assez pour que j'accepte de m'accrocher à son bras et de le laisser me guider où bon lui semble. Il serait en effet dommage de nous cantonner au lieu qui nous est réservé alors que les jardins, déjà magnifiques, sont illuminés de mille bougies, une ambiance particulière que je ne peux m'empêcher de trouver agréable.
Hélas, si monsieur de Saulx avait réussi à me mettre à l'aise, voici qu'il mentionne son rôle de protecteur et, surtout, me pose des questions en affirmant vouloir apprendre à me connaître. Aïe.. ma sérénité s'ébranle et mon cœur s'emballe.
J'ai des secrets à garder, après tout, et même sans ces derniers, l'attention des autres a tendance à m'embarrasser. Il va falloir mentir et éviter les sujets délicats.
Vous me flattez mais je ne suis qu'une humble servante sans histoires, vous savez, je crains de ne pas être aussi intéressante que vous l'imaginez.
Servante et mercenaire, mes deux couvertures favorites, une pour ceux qui me voient sans armes et l'autre pour ceux qui me surprennent une épée à la main. Ayant été une véritable servante durant mon enfance, avant de me retrouver avec une lame entre les mains, ce mensonge n'est pas compliqué à entretenir. Quant à mon affirmation d'être « sans histoires, » j'ose espérer que ce nouveau mensonge saura le convaincre que je mène une vie tranquille, surtout s'il est sérieux à propos de ma protection.
Une agréable personne dans son genre n'a assurément pas sa place sur mon champ de bataille et, ironiquement, c'est à moi de le protéger de ces infectes créatures qui se cachent parmi nous ; pas juste pour une année mais aussi longtemps que je survivrai.
Mais si vous y tenez, je viens des Pays-Bas et mon petit plaisir c'est la pâtisserie.
Un demi-mensonge, cette fois, parce que je ne m'y suis mise que récemment mais la confection de tartes et autres me procure réellement une certaine forme de plaisir, un plaisir sans douté lié à ces heureux souvenirs que j'ai de ma sœur et moi aidant notre mère à préparer de succulents desserts pour le reste de la famille.
Malheureusement, mes tartes n'ont absolument pas le goût de celles de mon enfance et je ne sais pas comment retrouver cette saveur particulière - est-ce ma méthode qui n'est pas correcte ou un ingrédient qui manque ?
Et vous, monsieur de Saulx, quelles sont vos passions ?
Si retourner sa question contre lui me permet d'essayer de détourner son attention de mes origines et de mon histoire, mon intérêt reste sincère.
@Antoine de Saulx
– Non, je suis navré. J’ai déjà rencontré le frère de monsieur, en revanche, celui qui est chevalier.
Inconsciemment, il tourne la tête dans la direction où il se souvient avoir aperçu Aimable, quelques instants plus tôt, comme si celui-ci allait encore se trouver à portée de vue. Avant que son regard ne se porte à nouveau sur Eve, que ses yeux ne suivent son mouvement lorsque celui-ci effleure les distinctions qui représentent son grade. De là où il se trouve, Emilien peut les voir sans difficulté, c’est plus fort que lui, il reste focalisé dessus un instant, cherche à savoir ce que chacun d’entres eux peut signifier.
– Je crois… Il semble hésiter un instant, alors que son regard quitte comme à regret les blasons pour remonter jusqu’au visage du Maréchal, je crains que mes oiseaux ne m’exposent pas au même type de dangers que ceux que vous, vous devez côtoyer. Et je crains de ne pas être de taille à affronter les vôtres.
Un sourire s’affiche sur ses lèvres, même si dans son regard se lit toujours une certaine perplexité. Perplexité face à l’inconnu et face à la situation dans laquelle il se trouve, lui simple petit paysan, à peine sorti de l’adolescence, à offrir protection à un militaire haut gradé. Pourtant, c’est avec sérieux qu’il reprend la parole.
– Mais je peux vous promettre que, dans la mesure de mes capacités, je remplirai ma mission du mieux que je le pourrai.
Une promesse qu’un enfant pourrait faire, persuadé par ce qu’il vient de dire et plein de bonne volonté. Il continue de le fixer durant un instant, avant de détourner finalement le regard pour observer les alentours en même temps qu’il se frotte la tête.
– Désolé, je suis pas forcément très doué pour tenir une discussion. Je suis plus à l’aise avec les oiseaux.
Plus à l’aise avec les oiseaux oui, et puis il y a toujours cette sensation un peu étrange. Emilien inspire à fond pour se donner une contenance et souffle.
– Il y a tellement de fleurs ici, je n’aurais jamais cru qu’on puisse les sentir aussi bien en fin de soirée.
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Entendre ainsi mentionné Aimable n’efface pas le sourire d’Eve. Non, elle a appris à apprécier la présence de l’homme au sein de son armée. Leurs… récents déboires, dira-t-elle, ont permis de briser la glace qui pouvait exister entre eux depuis plusieurs mois. En réalité, si elle n’avait pas retrouvé chez Aimable les conversations qu’elle avait pu avoir avec Baptiste, elle devait cependant admettre qu’Aimable lui était désormais une présence agréable. Qu’importe ce qui pouvait se cacher derrières des prunelles aussi sombres que celles de la Faucheuse.
Pourtant, elle ne relève pas ce détail. Note plutôt la pointe de gêne qui semble s’inscrire sur le visage du jeune homme. Et s’il s’essaye à la bravoure, elle ne peut retenir un rire léger, non pas pour se moquer, mais simplement pour désamorcer les excuses offertes.
« Ne vous excusez de rien. Ne nous incommodons pas des formalités. La nuit est agréable, et je regretterais de vous forcer à une discussion qui nous mettrait tant l’un que l’autre dans l’embarras. »
Oh et elle regrette presque instantanément d’avoir allégé le sujet lorsque ce sont ces fleurs qui sont alors mentionnées. La simple idée de celles-ci, trop odorantes, lui arrache une légère grimace. Qu’importe les subterfuges, elle avait l’impression de sentir le goût sirupeux de chaque pétale contre sa langue. Désagréable sensation que voilà… Et à en juger par l’excès de sa propre réaction, elle rajuste simplement ses gants pour occuper ses doigts et rajoute, l’air embarrassée.
« Je n’aurais moi-même pas cru que cela puisse être possible. Je dois vous avouer qu’il me semblerait presque être allergique à certaines de celles-ci. Verriez-vous un inconvénient à marcher un peu ? »
Un mensonge, mais personne n’avait à le savoir. Elle devait justifier cette sensation qui la laissait presque vulnérable. Elle n’avait pourtant ressenti aucun mal spécifique en arrivant ici. D’un froncement de sourcil, l’idée l’effleure qu’il pourrait s’agir de forsythia et sa gorge se noue davantage. Eve n’avait pourtant pas le souvenir d’en avoir déjà vu ici… Force un sourire et porte à nouveau son attention sur Emilien. Quelque chose de simple. De mondain.
« Êtes-vous à Paris depuis longtemps ? Il me semble que le domaine de Bayard se trouve davantage au sud dans les montagnes. » Puis après un instant de pause. « Ah, saviez-vous que les événements du jour ont commencé plus tôt dans l’après-midi. Madame Lorient a convié ces dames à observer les oiseaux du jardin. Je doute que ceux-ci ne soient de sortie de nuit, mais à ma connaissance, plusieurs espèces semblent nicher dans les environs… »
@Emilien Blanchard & mention de @Aimable E. De Bayard
Petite update des localisations des paires lors de la soirée. N'hésitez pas à aller
_ Veuillez m’excuser, répète-t-il. Il a l’impression de passer ses journées à prononcer ces mots, à demander pardon pour ses maladresses, au point de ne plus leur trouver de sens. Ennuyé, une certaine lassitude dans le regard, Aimable s’est renfermé, ses bras reviennent se croiser sur son torse, le port droit, il s’appuie tour à tour sur une jambe, puis l’autre. Comme pour échapper aux crocs de l’Ouroboros qui, en réponse, grince des dents contre l’ossature de ses mollets, il sent la pression de ses mâchoires et ferme les yeux lorsqu’une de ses chevilles laisse échapper un craquement lugubre de protestation. Il est le seul à l’avoir entendu –il l’espère, heureusement, le contact de sa chausse lui annonce qu’aucune modification corporelle ne s’est imposée. L’Ouroboros s’est contenté de passer – vermines sous sa peau.
_ Vous ne m’ennuyez aucunement. Mon corps me fait mal… Blessures de guerre.
Pour une fois, il ne ment pas. Bien que ce ne soit qu’un fragment de vérité qu’il accepte de dévoiler. Béatrice... Combien de fois l'a-t-elle vu se ridiculiser ? Il la plaint et s'inquiète de ce qu'elle peut penser de lui. Bizarre, fou, impoli ? Inquiet, il fixe quelques brins d'herbe, le visage figé.
La main qui effleure son avant-bras le surprend. La main lui paraît si blanche, si douce, comparé à sa protection de cuir. Par réflexe, il se serait écarté. Par respect, il se retient et se contente de contracter les muscles, opposant sa musculature à la pression des MACHOIRES terrées dans sa CHAIR. Qu’elle ne sente rien. Par pitié, Dieu, qu’elle ne sente rien. Mais la Voix ne se manifeste pas, elle rôde, toujours, elle ne veut PAS S’ASSEOIR.
A la proposition appuyée de Béatrice, Aimable ne se sent pas de refuser. Peut-être que cela le soulagerait. Raide comme un piquet de bois, le Chevalier a toutes les peines du monde à replier ses jambes, à dire vrai, l’on devine la résistance d’un de ses genoux, suffisante pour qu’il grimace légèrement de douleur.
_ N’abîmez pas votre robe.
Aimable retire ses protections de cuir pour ensuite enlever son vêtement. Une veste assez longue, en vieux tissu usé par le voyage ; il la repose à même le sol pour permettre à Béatrice de s’asseoir si elle le souhaite. Ses yeux, alors, s’élèvent et remarquent la présence qui les accompagne. Une femM̵̰̣̫͛̓̒͐̎̎̌͊̕͜͝͠͠O̷̖̦̠̪̱͍̗̭̽͛͒̃̍͌̎̓͊̆̕͜͝R̷̗̱͓̯̺̼̪̝͔̺̺̲̅̓̀̓͑̎̀T̵͕̹͕̞̜̗̘̰̟̻͂̐͛E̸̖͐̃̈́̆̆̃̿͂̃̒̽͝͠ͅ
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Il ne s’est figé que quelques secondes, fixant la vampire d’un regard froid, qu’il étouffe d’un battement de paupières, préférant détourner les prunelles vers Béatrice. Dans la pénombre, il croit discerner une silhouette familière… N’est-ce pas.. Noah ? Déstabilisé, Aimable observe l’obscurité, avant d’adresser un regard à l’inconnu qu’il a bousculé.
_ Je ne vous ai pas fait mal… ?
Ses yeux reviennent sur Noah, au loin et ses lèvres s’entrouvrent. La timidité l’empêche d’hausser la voix pour l’appeler. Il espère, naïvement, que son regard suffira à l’attirer.
Mention de @Noah
Au moins Emmery eut-il la décence de ne pas lui demander son âge, bien qu’elle avait une réponse claire à lui offrir. À l’évocation d’enfants, Hermance retint une expression de pure dégoût. Il était mal avisé pour une enfant de témoigner tel sentiment envers ces petits êtres, surtout lorsque l’on cherchait mari. Mais il était bien une chose que Hermance refusait, c’était de pondre des bébés. Rien ne déformerait son corps. Elle se força à sourire, alors que ses yeux ne brillaient d’aucun éclat.
— Non et non. Mon mari est décédé de maladie, le pauvre. Et nous n’avons pas eu d’enfants.
Une maladie qui s’appelait empoisonnement et dont la cause était son désir insistant pour un héritier. Cependant elle n’avouerait jamais ceci. Ce serait un peu embarrassant que quelqu’un l’apprenne. C’était comme avouer qu’elle n’était pas née noble.
— Il m’arrive de chasser parfois.
Une activité fort salissante et réservée à la louve.
— Je préfère de loin la peinture.
Cette fois-ci ses yeux pétillèrent. Rien que d’y penser, elle en avait des frissons le long de la colonne vertébrale. Difficile d’allier mariage et enfants à son activité favorite. Se pinçant les lèvres au lieu de se les lécher d’un air gourmand, elle réprima son sentiment. Reposant les yeux sur Emmery et sur sa cicatrice, elle s’aperçut qu’elle avait rarement eu telle chose à peindre. Si grosse… cicatrice serait du plus bel effet sur une toile.
— Et vous ? Un intérêt pour quelque loisir ?
Ses yeux perçants détaillèrent la cicatrice pour tenter de la mémoriser et pouvoir la transposer sur l’un de ses modèles préférés.
Toutefois il ne comptait pas s’approcher. Trop de gens autour d’Aimable. Trois individus (@Béatrice Botherel, @Aydos Habsbourg et @Rheyna), c’était de trop pour lui. Il ne voulait pas faire pitié (il ne le supporterait pas) ou devoir tenir une conversation comme avec Céline (il ne le supporterait pas non plus). Ils s’étaient vus et s’étaient salués. C’était suffisant. Aimable et son épouse l’avaient quand même recueilli et soigné. Lui, la bête. Ce n’était pas rien.
Si Aimable y tenait, ils auraient l’occasion de s’échanger quelques mots plus tard. Peut-être à la fois de la soirée quand tout le monde rentrera chez soi. Sauf si Aimable avait instamment besoin de son aide, mais ce ne semblait pas en être le cas pour le moment.
Allons bon. Voilà qu’il était parvenu à détendre un peu l’atmosphère pour sentir la jeune femme à ses côtés se tendre comme un élastique la seconde qui suivit. Il n’était pourtant pas du genre intimidant, du moins n’avait-il eu aucun écho dans ce sens-là. Ses questions pour le coup étaient vraiment innocentes. Il avait espéré pouvoir obtenir un sujet de conversation où il pourrait…
- Je ne cherche pas à vous piéger vous savez ? souffla-t-il doucement, s’arrêtant quelques instants pour pouvoir observer Sara, son sourire amical ne quittant pas une seule seconde ses lèvres, pas plus qu’il ne s’affaiblit.
Un peu ironique venant de sa part, lui qui disait souvent qu’il n’avait rien d’intéressant à raconter. Il en avait conscience. Mais le but ici était bel et bien de détendre la personne à ses côtés, pas chercher à tout prix quelque chose qui leur conviendrait à tous les deux. Cela viendrait en son temps, mais il n’y avait rien de plus qu’ils pouvaient faire que d’apprendre à se connaître avec les bases.
- Vous n’avez pas à rentrer dans les détails ou à me raconter ce que vous n’avez pas envie de dire. Une histoire même banale, me convient. Je ne compte pas m’imposer dans votre vie non plus.
Etre un protecteur était assez vague pour qu’on l’interprète de plusieurs façons. Pour beaucoup il s’agissait d’être un chevalier sur son destrier blanc, il était tout à fait satisfait de garder un œil, de loin. Mais alors qu’il s’apprêtait à tenter une nouvelle question, la demoiselle finalement lui offrit une réponse qui eut le mérite d’attirer son attention et allumer son regard.
- De la pâtisserie, voyez-vous ça.
Décidément. Définitivement chanceux pour sa part. En quelques mois il avait découvert un compagnon avec qui il avait trouvé à dévorer sucreries sur sucreries, maintenant il mettait bien malgré lui la main sur quelqu’un qui trouvait plaisir à les faire
Ha. S’il savait.
- Moi ? A part manger les pâtisseries vous voulez dire ? plaisanta-t-il, voyons… J’aime la lecture et les endroits tranquilles.
Il eut un rire bas, tandis qu'ils reprenaient leur balade dans les jardins. Le Vicomte releva la tête, essayant de repérer quelques têtes connues… comme Emilien et Eve dont il reconnu les silhouettes, pas si loin que ça.
- Depuis peu j’apprends à me perdre dans Paris aussi, avoua-t-il.
– Je vous remercie.
Il n’est pas réellement sûr que les remerciements soient de mises, mais ces derniers sortent avant qu’il ait le temps de réfléchir. Cela se traduit d’ailleurs par un léger haussement d’épaules en même temps qu’il change de sujet… pour se rendre compte qu’il a, visiblement, mis les pieds dans le plat. Les yeux de l’Infant remontent jusqu’au visage du jeune homme et il hoche la tête sans se faire prier.
– Je n’y vois pas le moindre inconvénient non. Il reste pensif un instant, avant de jeter un coup d’œil autour d’eux. C’est peut-être à cause des bougies…
Ça lui apparaissait comme une explication plausible. La chaleur qui ferait monter les odeurs. Sans plus s’appesantir sur la question, parce que de toute manière il n’avait pas réellement de réponse à apporter qui puisse être concluante, Emilien invita le militaire à avancer avec lui. Le fait de ne pas connaitre les lieux le poussait à laisser son regard errer partout, la moindre fleur, la moindre haie, mais aussi les personnes dont ils s’approchaient potentiellement. Garder son attention portée sur le jeune homme à ses côtés, du moins au maximum pour ne pas paraitre impoli, demandait de gros efforts à Emilien.
– C’est plus au sud oui, c’est loin d’ici. Nous sommes ici et eux ils habitent là. Un instant Emilien s’arrêta, pointant deux points invisibles dans l’air qui étaient censés représenter les deux lieux, l’un beaucoup plus bas que l’autre. Il fronça légèrement les sourcils, avant de reprendre, Avec une carte ça serait plus simple. …Désolé.
Puis, il prit conscience qu’il devait avoir l’air un peu idiot et se reprit en grimaçant et en reportant son attention totalement sur les paroles d’Eve. Attention qui fut totalement détournée lorsque ce dernier lui expliqua en quoi avaient consisté les animations de l’après-midi. Par réflexe, ses yeux se mirent à fouiller les haies, alors qu’il savait pertinemment que les oiseaux visibles en journée devaient dormir à cette heure.
– Je l’ignorais. L’Infant reposa les yeux sur le militaire, se frottant légèrement la tête au passage. Je vais probablement vous paraitre un peu stupide, mais j’aurais bien aimé assister à cette… euh… animation. Pour pouvoir observer les oiseaux. Vous savez s’il y a eu d’autres choses aussi ?
Et puis, mu par une impulsion peut être un peu idiote, il leva un sourcil en direction du Maréchal.
– Vous avez souvent l’occasion de venir ici ? Je veux dire, de vous promener dans le parc ?